
Depuis le 16 août au soir, un mouvement de grève inédit ralentit l’activité de l’usine de retraitement des combustibles nucléaires usés Orano La Hague (Manche). « Entre 50 et 70 % des salariés du week-end étaient en grève ce week-end », indique Arnaud Lemaître, secrétaire du syndicat Sud Orano Recyclage. Selon lui, samedi et dimanche, l’usine UP3 était totalement à l’arrêt et l’usine UP2 n’a pas fonctionné « 40 % du temps » [1]. La grève doit s’achever le 19 août à 20 h 56.
Les grévistes protestent contre la dégradation de leur qualité de vie au travail. Ils dénoncent des parkings saturés et des déplacements rendus interminables par la rigidité des horaires, qui provoquent des embouteillages. La construction récente d’un mur supplémentaire de 5 kilomètres pour sécuriser le site et limiter les menaces terroristes et extérieures, à la demande du haut fonctionnaire à la défense et à la sécurité, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « La mise en place de ce mur a eu un gros impact sur les déplacements internes et externes, avec des circuits de transport qui ne sont plus adaptés, déplore le syndicaliste. Aujourd’hui, pour un salarié qui habite à Tourlaville [à 28 km de l’usine], il peut s’écouler 1 h 30 entre le moment où il quitte son domicile et celui où il s’installe à son bureau. » Autre source d’agacement, l’absence de restauration d’entreprise sur site pour les salariés de nuit et de week-end.
Pour Arnaud Lemaître, l’amélioration de ces différents points est cruciale pour que le groupe reste attractif à l’heure de la relance du nucléaire. L’usine de retraitement manchoise doit en effet faire l’objet d’importants investissements dans les années à venir. D’abord, avec la construction d’une nouvelle piscine d’entreposage des combustibles nucléaires, qui doit être livrée en 2037. Surtout, avec la décision du conseil de politique nucléaire du 26 février dernier, qui acte la poursuite du retraitement jusqu’au moins la fin du siècle. Tout ceci augure des besoins de main-d’œuvre supplémentaire. Or, « des salariés n’hésitent pas à quitter l’entreprise pour trouver ailleurs, à rémunération égale, des conditions de vie au travail plus adaptées, avec des horaires variables — qu’on n’a pas sur le site de La Hague — qui permettent de concilier plus facilement vie professionnelle et vie privée », avertit le syndicaliste.
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Source: https://reporterre.net/Nucleaire-greve-inedite-a-l-usine-Orano-La-Hague
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