Dans un contexte de baisse d’activité sur les sites de Naval Group et Kership à Lorient, la CGT Arsenal dénonce la délocalisation d’une partie de la production des coques vers la Roumanie. La direction répond « stratégie et compétitivité ».
Par Stéphane GUIHENEUF.
Amiral Ronarc’h, tête de série du programme de Frégate de défense et d’intervention (FDI) porté par Naval Group, sera de retour à Lorient ce jeudi 13 février 2025, après de nouveaux essais en mer. Cinq autres frégates sont en chantier. « On a attaqué la dernière. On est sur un rythme de six à neuf mois », fait savoir Bruno Le Nézet, secrétaire général CGT Arsenal. Au lendemain d’un Comité social et économique (CSE) présidé par Vincent Martinot-Lagarde, directeur Bâtiments de surface, il s’inquiète pour la suite. « On nous annonce un creux de charge au second semestre 2025 ». La raison ? Naval Group attend de la Grèce qu’elle confirme l’achat d’une quatrième frégate. Selon Le Canard enchaîné, la vente de missiles Meteor à la Turquie serait venue plomber les négociations. Quant à la Norvège, qui pourrait en acheter cinq, elle ne devrait pas se positionner avant les élections législatives de septembre 2025. Les États-Unis, avec la classe Constellation, sont aussi sur les rangs. Pour combler ce creux, la Direction générale de l‘armement envisage la production de coques nues pour l’export. « Le plan de charge est lié à la vente des FDI. On lisse la charge entre programme français et export », précise la direction du site lorientais.
À lire sur le sujet « 2025 sera une année charnière » : à Lorient, Naval Group mise sur l’export
L’enjeu des bâtiments de guerre des mines
« Lorient mise tout sur les FDI », peste le syndicaliste. Selon lui, le site lorientais pourrait accueillir d’autres bâtiments. Comme les futurs bâtiments de guerre des mines (BGDM) de la Marine nationale dont le programme a été décalé. « On ne parle jamais de ces BGDM dans le plan de charge ». La CGT Arsenal souhaite que les six navires de ce programme soient réalisés à Lorient. « On craint qu’ils suivent le même schéma industriel que les navires de lutte contre les mines (rMCM) ». Et dont Oostente, tête de série d’un programme de douze navires pour les marines belge et néerlandaise, est arrivé vendredi dernier à Lorient. « Trois coques et demie ont été faites en France, tout le reste part en Roumanie », proteste Bruno Le Nézet. Ce choix répond à « des questions de stratégie et de compétitivité », argue la direction de Naval Group.
Prêt de main-d’œuvre
Alors même que Kership – chantier créé en 2013 par Naval Group (65 %) et Piriou (45 %) – est dans l’attente des deux patrouilleurs de haute mer (OPV) pour le Monténégro et connaît également une baisse de charge. Conséquence : une convention de prêt de main-d’œuvre à but non lucratif a été signée entre Naval Group et Kership. Elle concerne une vingtaine de salariés pour 3 000 heures. « Que l’on accueille les salariés de Kership, ce n’est pas le problème. Le scandale, c’est qu’on a moins de boulot et on en laisse partir en Roumanie », déplore Bruno Le Nézet. En décembre 2024, la CGT Arsenal dénonçait déjà un « scandale écologique » et affirmait son intention d’alerter le député de Lorient. Ce qui n’a pas été fait. De son côté, la direction répond que « l’objectif est de maintenir tous nos effectifs, de préserver un socle de compétences et de faire appel à la sous-traitance française pour assurer la charge ».
À lire sur le sujet À Lorient, les frégates font travailler près de 2 000 personnes
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/on-a-moins-de-boulot-et-on-en-laisse-partir-en-roumanie-a-lorient-la-cgt-arsenal-sinquiete-dune-baisse-dactivite-a-naval-group-lt-fr-12-02-2/