
Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 juillet 2025, des opposants à l’Arkéa Park, futur stade de foot à Guipavas, ont investi la zone du Froutven, où le projet doit voir le jour en 2028. Ils disent vouloir créer sur place une communauté autogérée, le temps nécessaire pour empêcher la tenue des travaux.
Par Delphine VAN HAUWAERT.
Les nombreux clients faisant leurs courses au Froutven, où se trouvent notamment Ikea, Boulanger ou Decathlon, n’imaginaient sans doute pas ce qui se tramait à quelques centaines de mètres de cette zone commerciale à la périphérie de Brest, samedi 12 juillet après-midi.
Au nord, de l’autre côté de la départementale 205, se trouve une zone agricole, contraste saisissant avec l’urbanisation du Froutven. C’est là, au lieu-dit Maner-Coz, à Guipavas, qu’une « vingtaine » de personnes ont élu domicile, dans la nuit de vendredi à samedi. Au détour d’un champ, accrochée entre deux arbres, une banderole plante le décor : Maner-CoZad.
Zone à défendre
Zad, pour « Zone à défendre », terme rendu célèbre lors de la mobilisation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, puis entré dans le langage courant des luttes. Le combat, ici, concerne le projet du futur stade de foot, l’Arkéa Park, une enceinte de 15 000 places pour les joueurs du Stade Brestois, annoncée pour 2028.
Ce projet est contesté, par des collectifs et des élus écologistes, pour son impact sur l’environnement, ses opposants lui préférant une rénovation de l’actuel stade, situé en centre-ville de Brest.
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« Beaucoup de gens se sentent concernés par cette lutte »
Dans un communiqué envoyé dans l’après-midi, les zadistes, qui se revendiquent « collectif autonome », font état de leurs griefs à l’encontre du projet, financé par des fonds privés (en majorité), mais aussi publics : « Il artificialiserait des terres agricoles, participant à la difficulté croissante des agriculteurs bretons à accéder à la terre. Des zones naturelles seraient également détruites, mettant en danger une soixantaine d’espèces. »
Sur place, impossible d’entrer dans la Zad, protégée par une barricade. Mais le dialogue a pu se nouer avec l’une des membres. « Beaucoup de gens se sentent concernés par cette lutte, car elle porte sur des enjeux autour du climat, de la gestion de l’eau, de l’usage de l’argent public. » Est en effet pointé du doigt ce partenariat public-privé, avec des subventions autour de 30 millions d’euros, sur un budget total de plus de 100 millions.
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Sur place, la vie s’organise
« Tout cela pour faire un complexe de loisirs, avec des commerces, des restaurants… C’est le foot-business », poursuit la jeune femme, qui l’assure : les personnes mobilisées « ne sont pas du tout anti-foot ». Mais elles prônent « le maintien d’un football populaire brestois en centre-ville ».
Dans l’après-midi, samedi, ils auraient été rejoints pas d’autres militants, formant un groupe « de plusieurs dizaines de personnes ». À l’intérieur, la vie s’organisait, « avec de quoi manger, de quoi dormir, des toilettes sèches… » L’objectif est clair : « Rester dans la durée, pour empêcher le début des travaux ».
Ceux-ci ne semblaient pas encore programmés. Le futur stade a été inscrit sur la liste des enceintes sportives déclarées d’intérêt général, et « l’enquête publique est en cours d’achèvement, avec la publication prochaine de ses conclusions », précise la Métropole – qui ne souhaite pas réagir à cette installation illégale -, mais le permis de construire n’a pas encore été accordé.
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