« On est considérées comme du petit personnel » : à l’hôpital de Saint-Brieuc, les soignantes témoignent (LT.fr 14/09/2023)

Au centre hospitalier Yves-Le Foll, c’est dans le service de médecine interne que la grève s’est d’abord déclarée. De l’annonce d’une suppression de poste de nuit, la goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà bien plein de soignantes de l’établissement, a découlé une mobilisation générale.

Débordé par la charge de travail et accumulant les heures supplémentaires, le personnel soignant de l’hôpital se met en grève illimitée pour dénoncer ses conditions de travail. (Le Télégramme/Anna Sardin)

« L’annonce de cette suppression de poste, c’est ce qui a fait exploser la soupape ». Vanessa Rouxel et Margot Seignard sont aides-soignantes au sein du service de médecine interne du centre hospitalier Yves-Le Foll, à Saint-Brieuc. Jeudi 14 septembre, elles sont sur le piquet de grève, avec leurs collègues, en désespoir de cause. « Cette décision est injuste », se désole Vanessa. Aide-soignante de nuit depuis 12 ans à l’hôpital et depuis 5 ans dans le service, son poste est directement menacé. L’équipe de nuit, composée de deux infirmières et d’une aide-soignante, serait réduite à deux infirmières uniquement. « Nous sommes trois à tourner sur le poste, cela revient donc à supprimer trois postes », explique la concernée.

« On est déjà sous l’eau »

La décision, annoncée courant août par la direction de l’établissement, a pour but de réguler les effectifs, alors que les aides supplémentaires accordées durant la covid touchent à leur fin. « Ils nous parlent de manque de moyens, d’équité avec les autres services et de redistribution de postes sur l’ensemble de l’hôpital, mais nous, ce qu’on voit, c’est que les besoins ne diminuent pas », raisonne l’aide-soignante. « Pour eux, les équipes de nuit, c’est la cour des miracles, tout serait possible. Mais comment faire face à la même demande avec des soignantes en moins ? » « A trois, on est déjà sous l’eau », plaide une de ses collègues.

Autant de patients, moins de soignantes

Avec les autres soignantes du service, elles se disent « toutes unies » derrière cette revendication : ne pas supprimer de poste dans un hôpital déjà débordé, alors que leurs tâches ont évolué vers des soins en infectiologie et du « nursing », plus chronophages et plus complexes.

Sur le piquet de grève, devant l’hôpital, le constat est unanime pour les infirmières et les aides soignantes : elles ne peuvent plus assurer les soins correctement.
Sur le piquet de grève, devant l’hôpital, le constat est unanime pour les infirmières et les aides soignantes : elles ne peuvent plus assurer les soins correctement. (Le Télégramme/Anna Sardin)

Un peu plus loin, Caroline Reboux, une infirmière en bloc opératoire, ajoute : « On fait parfois jusqu’à 20, 30 heures supplémentaires par mois. En plus des 150 heures habituelles. On rappelle les infirmières qui partent à la retraite parce que c’est tout simplement la pénurie ». « On a été applaudies pendant la covid, on était presque des héros, et là… On est laissées-pour-compte, racontent tour à tour les soignantes réunies. L’hôpital ne désemplit pas pour autant, alors on tire, on s’organise entre nous ».

Crainte du « même ménage dans les autres services »

Elles disent même faire plus d’heures que ce qu’il n’est légal de faire lorsqu’elles passent par l’application Hublo, un outil de gestion des remplacements. « On est considérées comme du petit personnel. Mais un jour, il va finir par y avoir de la casse chez nous », craint l’une d’entre elles. Margot, arrivée depuis un an, reste malgré tout, pour « la cohésion d’équipe » et pour soutenir ses collègues. Mais elle n’est pas dupe pour autant : « On craint évidemment que le même ménage soit fait dans les autres services. C’est pour cela que le mouvement social s’est étendu à tout l’hôpital, et aux autres centres hospitaliers de Paimpol et Tréguier. »

Auteur : Anna Sardin

Source : « On est considérées comme du petit personnel » : à l’hôpital de Saint-Brieuc, les soignantes témoignent | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : « On est considérées comme du petit personnel » : à l’hôpital de Saint-Brieuc, les soignantes témoignent (LT.fr 14/09/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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