« On gagne mieux à transporter des cochons ou du poulet que des enfants », pointe un chauffeur de car du Pays de Châteaulin(LT.fr-4/01/23)

Chaque matin et chaque fin de journée, on assiste au ballet des cars scolaires devant les écoles du pays de Châteaulin.
Sous-effectif, salaire faible, temps de travail fractionné… Un chauffeur de car scolaire du pays de Châteaulin alerte sur ses conditions de travail.

Louis (*) se lance dans le métier de chauffeur de car il y a une vingtaine d’années. Un travail, au contact des jeunes, qu’il aime particulièrement. Mais aujourd’hui, il pointe des conditions de travail qui se dégradent. « La Région est fautive depuis que le système d’appel d’offres est en route. Et ça retombe sur le salarié, estime-t-il. Ils ont des lots de scolaires, comme le bassin de Châteaulin par exemple. Ce sont les gros groupes qui les remportent. Ils ont le monopole. Avant, il existait plusieurs petites entreprises familiales, mais il n’y a plus de petits transporteurs… ».

Un travail à « flux tendu »

Au quotidien, Louis subit pas « mal de stress » et constate « un turn-over important ». « On est à flux tendu. Quand il y a un arrêt maladie, le circuit saute. Les parents sont mis devant le fait accompli », regrette le conducteur de car, qui souligne que ce problème existe depuis longtemps.

« La grille des salaires n’a pas évolué et l’ancienneté apporte peu de changement. Pour 28 heures, le salaire est de 800 € net et les primes ne sont pas mirobolantes ». À ça se rajoute le temps de travail fractionné en fonction des heures d’ouverture des écoles. Avec un trou dans le planning entre 9 h et 15 h 30, pas simple de trouver un emploi complémentaire. « Il y a les métiers d’aide à la personne, mais là aussi les conditions se dégradent pas mal ». Bref, pas de quoi motiver les jeunes recrues.

Résultat, un manque de professionnels, une moyenne d’âge assez élevée et un moral en berne. « Quand on voit des chauffeurs qui ont 72 ans, la conscience professionnelle à cet âge-là… », relève Louis. Il ajoute : « Il y avait beaucoup de retraités de l’armée qui cumulaient avec le métier de chauffeur, mais là ça les intéresse moins. C’est dommage, c’est un chouette métier ».

Une vraie revalorisation des salaires

Pour Louis, la Région Bretagne, qui a en charge les transports scolaires depuis 2017, aurait « dû réagir il y a longtemps pour revaloriser les salaires ». En 2022, une charte a pourtant été signée entre la Région et la Fédération nationale du transport des voyageurs pour rendre le métier plus attractif face à une pénurie de conducteurs de car (création d’une indemnité complémentaire d’attractivité et application du 13e mois dès l’embauche).

Une aide bienvenue, mais insuffisante pour le conducteur de car. « Il faudrait que la Région intervienne pour qu’il y ait de vraies propositions sur les salaires, lance Yves. Le transport de marchandises est mieux payé que le transport scolaire ! On gagne mieux à transporter des cochons ou du poulet que des enfants. On est quand même responsable d’une cinquantaine de gamins dans notre car ! ».

* Le prénom a été modifié.

Karen JEGO

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/chateaulin/on-gagne-mieux-a-transporter-des-cochons-ou-du-poulet-que-des-enfants-pointe-un-chauffeur-de-car-du-pays-de-chateaulin-04-01-2023-13252731.php

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