Contexte épidémique au plus fort, des urgences qui saturent, déclenchement du Plan blanc, visites suspendues… Les tensions s’accentuent au centre hospitalier Yves-Le Foll, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Les représentants de la CGT appréhendent les mois à venir.
Lorsque les généralistes ont participé à la grève nationale les 1er et 2 décembre 2022, à l’appel de Médecins pour demain, « on a reçu 1 000 appels au 15 sur chacune des deux journées au lieu de 500 à 600, soit l’équivalent d’un week-end, comptabilise Régis Pineau, secrétaire général de la CGT à l’hôpital Yves-Le Foll, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Et le week-end qui a suivi, on a tourné autour de 1 200 appels. »
Une tension qui s’est accentuée ces derniers jours. Avant de se rendre aux urgences, il est demandé aux usagers d’appeler le 15. Dans une lettre ouverte adressée à la direction, l’équipe des urgentistes a lancé un cri de détresse, évoquant « les patients qui s’entassent et stagnent aux urgences », « une situation actuellement ingérable » d ans un contexte épidémique fort.
Des agents de régulation médicale « en situation précaire »
Sur 25 agents de régulation médicale au 15, une dizaine est en attente de stagiairisation. Ils vivent une situation précaire. Le danger est que ces contractuels peuvent partir
, craignent Régis Pineau et Marie-Pierre Le Mouël, secrétaire adjointe de la CGT.
« Ces contractuels ayant plus d’un an d’ancienneté se verront proposer un CDI dans l’attente de leur stagiairisation pour intégrer la fonction publique », réagit la direction, qui reconnaît que « le volume d’agents concernés par les mesures sociales (plusieurs centaines d’agents mis en stage ou ayant bénéficié d’un CDI en quelques mois) a entraîné du retard dans la mise en œuvre. »
« Le vrai problème est la prise en charge des patients »
La CGT pointe des difficultés depuis le printemps
, via la plateforme numérique de remplacement Hublo, un outil privilégiant les remplacements des agents en interne en heures supplémentaires. On fait venir des agents d’autres services. Quid de la technicité, de la formation ? Le vrai problème est la prise en charge des patients.
Interrogée, la direction justifie : « Cette plateforme traduit la volonté de l’hôpital de privilégier le recours à des agents aux compétences reconnues et qui connaissent les services de l’établissement, plutôt que d’opter en première intention au recours à l’intérim. » Entre juin et novembre 2022, plus de 2 000 missions de remplacement ont pu être proposées à l’hôpital Yves-Le Foll
, poursuit l’établissement.
Autre préoccupation de la CGT : Le service ressources humaines est en difficulté. Des agents sont en arrêt. On navigue à vue.
De son côté, la direction confirme qu’il y a eu deux arrêts d’agents de courte durée dans un contexte d’épidémies multiples
. Et atteste : « Une continuité a été assurée au sein du service, qui a d’ailleurs retrouvé son effectif complet dès le 14 décembre. »
« Une fuite des agents »
Plus largement, les représentants syndicaux, lucides sur les difficultés de recrutement
, déplorent une fuite des agents, des départs de soignants, des cadres épuisés, des glissements de tâches dans certains secteurs
et s’interrogent : L’établissement fait-il tous les efforts ?
Les syndicalistes sont inquiets : « Ce n’est pas rassurant pour l’avenir. On est sur le fil. On redoute l’hiver jusqu’en mars. »
La direction répond : Il y a peu de postes d’agents titulaires vacants, en l’occurrence six postes d’infirmiers généraux et zéro poste d’aide-soignant ou d’auxiliaire de puériculture.
S’agissant des départs de salariés, le volume reste naturel et dans des proportions classiques à l’échelle d’un établissement de plus de 3 000 agents
. Des recrutements sont menés dans des proportions similaires
, précise l’hôpital, rappelant que l’attractivité de l’établissement est une priorité, un plan volontariste ayant été mis en place au printemps.
Auteur : Soizic QUÉRO.