Par Julie REUX (Presse Océan)
Surcoûts et personnel hospitalier en surchauffe… La CGT du centre hospitalier nantais s’appuie sur deux rapports pour demander une « pause » du chantier du futur CHU.
En lisant l’audit « flash » de la Cour régionale des comptes, publié le 15 mai 2023, la CGT du CHU de Nantes a fait ses propres calculs. Selon le syndicat, le surcoût à prévoir ne serait pas « seulement » de 55 millions d’euros liés à l’inflation, mais de 430 millions d’€. Soit un budget global passant de 1,247 à 1,677 milliard d’€.
2022, « la pire année jamais vécue au CHU
Dans ses calculs, le syndicat additionne les lots non attribués ou différés (40 millions d’€), les révisions de prix (35 millions d’€) et un aléa travaux trop faible (50 millions d’€). Mais ils estiment surtout à 250 millions d’€ les besoins d’investissement en matériel médical, contre 90 millions d’€ prévus actuellement. Le matériel médical, c’est 7 à 8 % du budget seulement, résument-ils. Ça prouve que c’est avant tout un projet immobilier, pas un plus pour la santé publique.
Autre point sensible relevé dans le rapport de la Cour des Comptes : l’endettement et la capacité du CHU à financer le projet. Le montant de la dette de l’hôpital passe de 460 à 890 millions d’€
, pointe le syndicat. Dans le même temps, les résultats financiers du CHU se dégradent fortement, avec une perte de 9 millions d’€ pour l’exercice 2022
, une première.
Pour la CGT, cette impasse entre coût qui explose et moyens qui se réduisent se mesure à l’état catastrophique du personnel hospitalier, devenu marge d’ajustement » pour financer le nouvel hôpital
. S’appuyant sur le rapport 2022 accablant de la Médecine du travail, la CGT dénonce la pire année jamais vécue au CHU ».
Turn-over du personnel multiplié par deux depuis 2021, arrêts de travail multipliés par deux depuis 2008, heures supplémentaires qui passent de 190 000 à 310 000 en un an… Résultat : On a fermé 40 lits en moyenne par mois en 2022
, et des gens nous parlent de se foutre en l’air
, relate Olivier Terrien, secrétaire général CGT. On sacrifie les soignants sur l’autel du BTP.
La CGT réclame donc une pause
du chantier en cours, pour repenser le projet du nouveau CHU
de A à Z. Leur analyse porte aussi sur l’aberration écologique qui consiste à raser l’existant, notamment la maternité et l’hôpital de la femme et de l’enfant, des bâtiments tout neufs, pour reconstruire en plus petit juste à côté
, soulève Olivier Terrien.
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