Ce devait être une manifestation d’élus pour réclamer le maintien des urgences à l’hôpital de Carhaix. C’est finalement une foule de 2 000 personnes qui est venue, dont une délégation de pompiers très remontés.
La détermination affichée par les pompiers dans le cadre de la manifestation de ce lundi, devant le bâtiment des urgences, à l’hôpital de Carhaix, a été chaleureusement applaudie par la foule présente. (Le Télégramme/Jean-Noël Potin)
Au-delà du symbole, l’image, sans nul doute, restera. Lorsque plusieurs dizaines de pompiers en uniforme ont déposé leurs casques devant les urgences de Carhaix, la foule présente a applaudi à tout rompre. Le maire de Carhaix lui-même, Christian Troadec, n’en revenait pas, que des pompiers aient ainsi « bravé les interdits. Imaginez la stupéfaction à Paris ! », a-t-il lancé, dans un discours d’une grande force, le regard noir des jours sombres. Trois pompiers se sont même avancés sur l’estrade pour dénoncer la fermeture partielle des urgences à Carhaix. Commencée cet été, cette « régulation des urgences », selon les termes soigneusement choisis par l’ARS et la direction du CHRU, devait se poursuivre jusqu’à nouvel ordre, chaque nuit à partir de ce lundi, entre 18 h 30 et 8 h 30. D’où la manifestation symbolique de ce lundi.
« Une fatigue lourdement ressentie »
Le premier pompier qui a pris la parole, un représentant CGT du Sdis 29, a indiqué qu’après avoir connu la chute de l’hôpital de Concarneau, il ne souhaitait pas vivre celle de Carhaix. « On sera dans les actions », a-t-il promis, affirmant que « cela ne peut pas continuer ». Les pompiers disent avoir très mal vécu la fermeture partielle de cet été : « Cela se traduit pour nous par des interventions qui durent trois heures au lieu d’une. Deux départs la nuit et notre nuit est finie », a-t-il expliqué, ajoutant que durant ces trois heures, le fourgon incendie ne peut pas sortir ou doit parfois venir de plus loin. Un pompier volontaire de Carhaix a enfoncé le clou en évoquant l’impact sur les proches. « On a tous nos familles, on a l’impression de n’être plus là pour eux. Nous avons à cœur d’être là pour vous, mais a-t-on envie pour autant de perdre notre temps de repos familial ? La fatigue est lourdement ressentie à notre niveau. Faudra-t-il un drame pour qu’on nous écoute ? », a-t-il prévenu…
Visiblement, après la fermeture partielle des urgences observée tout cet été, la population a commencé à percevoir à quel point cela allait l’impacter si la situation était amenée à perdurer. Deux personnes sont d’ailleurs venues témoigner au micro de situations difficiles qu’elles ont récemment vécues avec leurs proches.
Rebelote jeudi
De cette manifestation du 4 septembre, nul n’attendait sans doute pareil ralliement. Au départ, il devait s’agir d’une simple manifestation des élus du Centre-Bretagne pour manifester le refus de la fermeture des urgences de nuit à l’hôpital de Carhaix. En fin de compte, ce sont tout près de 2 000 personnes qui sont venues apporter leur soutien. Il semble qu’après la manifestation massive du 18 mars dernier, qui avait vu 5 000 personnes défiler dans les rues de Carhaix, ce nouveau rassemblement marque un vrai tournant. D’ailleurs, l’escalade est d’ores et déjà annoncée. Un nouvel appel à manifester a été lancé par le porte-parole du comité de vigilance, Matthieu Guillemot. Le rendez-vous est donné jeudi, à 9 h, devant l’hôpital, « pour une destination inconnue », a-t-il lâché. « Notre combat est juste. Nous allons tous gagner ensemble. Carhaix Ré-sis-tance ! ».
Auteur : Jean-Noël Potin
URL de cet article : « On sera derrière les actions ! » : à Carhaix, les pompiers mobilisés derrière les urgences (LT.fr 04/09/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)