À compter de ce lundi, la pêche dans le golfe de Gascogne est interdite à certains types de navires. Une décision qui impacte le port de Concarneau, doté de nombreux fileyeurs. Vincent Jaffrézic et Thibault Georget, marins sur l’un d’entre eux, livrent leur amertume.
« Un marin, c’est fait pour aller en mer, pas pour rester à terre ». Ambiance morose, vendredi après-midi, sur les quais de Concarneau. Et pour cause : à partir de ce lundi 22 janvier 2024, 450 bateaux de pêche français seront assignés à quai pour un mois. Une mesure prise par le Conseil d’État afin de protéger les petits cétacés. Entre 4 000 et 8 000 d’entre eux sont pêchés accidentellement chaque année dans le golfe de Gascogne selon les chiffres officiels. La décision impacte de plein fouet la Ville Bleue, dont le port compte de nombreux fileyeurs. Vincent Jaffrézic et Thibault Georget, armateurs de l’un d’eux, ne cachent pas leur colère : « Les dauphins, on ne les pêche jamais par plaisir. Au contraire, ils abîment nos filets que nous devons ensuite réparer », affirment les deux marins concarnois. « On fait attention à tout ce qu’on fait et, au final, on prend tout dans la gueule », soupire Vincent Jaffrézic qui liste les nombreuses crises affrontées par la filière au cours de ces derniers mois.
Leur amertume est d’autant plus grande que le duo venait de recevoir, il y a quinze jours, leur deuxième navire : le Passe-partout, un fileyeur de 9,50 m en provenance d’Audierne. Problème, le dispositif s’applique aux bolincheurs, chalutiers, pélagiques ou de fond en bœufs, et aux fileyeurs dépassant les 8 m de long. « On a investi 175 000 €, avec 2 500 € à rembourser chaque mois. Les subventions permettront-elles de rembourser ce crédit ? Même mon comptable ne peut me l’assurer », fulmine Thibault Georget.
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« Profiter des aides, ça ne nous intéresse pas »
Durant les 30 jours de fermeture, les entreprises de pêche « seront indemnisées pour leurs pertes » a affirmé jeudi 18 janvier le ministère de la Transition écologique. Mais, pour les pêcheurs concarnois, pas question « d’être des assistés ». « Profiter des aides, ça ne nous intéresse pas, on veut vivre avant tout de notre métier », soulignent les marins. Ces derniers en veulent notamment aux « écolos », dont plusieurs associations et ONG de protection de l’environnement sont à l’origine du recours déposé auprès du Conseil d’État. « Comment sont-ils payés eux ? Pour moi, ils devraient nous indemniser, pas l’État », tranche Vincent Jaffrézic. « Ce n’est pas que nous sommes contre l’écologie, nous voulons juste travailler dans de bonnes conditions », tempère Thibault Georget.
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Le poisson d’élevage dénoncé
Reste que pour lui, c’est désormais « l’ensemble de la petite pêche » qui se retrouve en danger. « Les clients vont continuer à manger du poisson pendant la fermeture, mais ils risquent de se tourner vers le poisson d’élevage avec un prix plus attractif. Mais ce n’est pas de le pêche fraîche et loin d’être bonne pour l’environnement », pointent les professionnels.
Dans cette situation, les deux hommes ont décidé de laisser leur autre navire, le Galeron – un fileyeur de 7, 86 m- à leur matelot Loïc Jeault. « Partir en mer alors que les collègues vont rester à terre, ça m’ennuie énormément », confie-t-il. « Pourtant, les filets que j’utilise ne sont pas différents des autres fileyeurs. Mais, à côté de navires industriels, ça reste du pipi de chat. Il faut que tout le monde soit à la même enseigne », conclut le jeune marin.
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