
Sans logement depuis le mois de mai, Alice (*) et son compagnon ont été obligés d’élire domicile dans un camping du Pays bigouden. Une situation d’autant plus précaire que le couple attend un enfant.
Par Laura AYAD.
Quatre pans de toile, deux chaises pliables, une petite table et un réchaud de camping : voilà, depuis un mois, à quoi se résume le quotidien d’Alice (*). Fin mai, cette trentenaire et son compagnon n’ont eu d’autre choix que celui d’élire domicile dans un camping du Pays bigouden. La faute à un concours de circonstances, qui les a privés de logement pérenne. « Après douze années passées à La Réunion, nous avions décidé de partir en mission humanitaire en Thaïlande. On avait trouvé un organisme avec lequel partir. L’objectif, c’était d’aider au niveau de l’éducation, de l’hygiène, de l’agriculture… Tout était prêt. »
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Une grossesse et des frais imprévus
Mais pour Alice et son compagnon, tout ne se passe comme prévu. Peu avant leur départ, la jeune femme apprend qu’elle est enceinte. Le couple est déjà en métropole et ne peut pas faire marche arrière au vu du prix des billets pour La Réunion. D’autant que rapidement, les déconvenues financières s’accumulent, comme le raconte Alice : « Juste avant de partir, on avait décidé d’assister à un concours canin à Brignoles, dans le Sud. Sauf que là-bas, notre voiture nous a lâchés. On en a eu pour presque 1 800 de frais. Il a fallu louer un camion en attendant pour être mobile et avoir un endroit où passer la nuit… En très peu de temps, j’ai été obligée de dépenser quasiment tout l’argent que j’avais mis de côté. » Le voyage humanitaire avorté, Alice et son compagnon trouvent un temps asile chez la mère d’Alice, à Rennes. Mais cette dernière vit dans un petit logement et ne peut pas les héberger éternellement. Alors le couple prend la direction du Pays bigouden, où un couple d’amis propose de les héberger quelques jours. « Entre deux, on dormait dans la voiture. On a aussi loué un ou deux logements sur Airbnb mais financièrement, on ne pouvait pas se le permettre tous les jours », explique Alice.
Si nous ne trouvons pas de solutions d’ici la fin du mois, on dormira dans la voiture, en espérant trouver un logement avant l’arrivée du bébé
Un dossier déposé pour un logement social… mais de pas réponse
Face à l’urgence de trouver un logement, les baroudeurs se mettent en quête d’un habitat provisoire dans un camping. À cause de leurs deux chiens, ces derniers essuient plusieurs refus. Quand ce n’est pas tout simplement le prix de la location qui est prohibitif : « Un coup, on nous a proposé un bungalow à 500 € la semaine. Pour nous, c’était impossible ! », déplore Alice. À force de chercher, le couple élit finalement domicile, fin mai, sur un terrain nu d’un camping du Pays bigouden. Ils louent la tente et le matériel à un particulier. Une situation loin d’être confortable pour Alice, qui va bientôt entamer son cinquième mois de grossesse : « On vit au jour le jour, confirme Alice. J’ai fait appel à une assistante sociale et j’aurai bientôt des bons alimentaires. Mais mes demandes de logement, elles, restent sans réponse. » Pour Alice et son compagnon, l’inquiétude est d’autant plus prégnante qu’ils doivent bientôt quitter le camping. « Financièrement et avec un seul salaire, on ne peut pas se permettre de rester plus longtemps. Si nous ne trouvons pas de solutions d’ici là, on dormira dans la voiture, en espérant trouver un logement avant l’arrivée du bébé. »
* Le prénom a été modifié.
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