Outre-mer : un cruel manque d’eau, une faillite politique (LI.fr-26/06/25)

Par Elias PESCHIE.

Eau. « Nulle part ailleurs en France, on n’accepterait une telle situation ». Cette phrase, tirée du rapport « Soif de justice » publié en juin par dix associations locales et nationales, dit tout. À Mayotte, en Guadeloupe ou en Guyane, des milliers de personnes vivent sans accès garanti à l’eau potable.

Une réalité connue, documentée, dénoncée… mais ignorée. Cette indignité n’a rien d’accidentel : c’est une politique d’abandon et délibérée des pouvoirs libéraux qui se succèdent depuis 40 ans et particulièrement sous Macron, que La France insoumise dénonce depuis des années. Notre article.

Une honte française, quotidienne et invisible

À Mayotte, département français le plus pauvre, 60 % des logements n’ont pas accès à l’eau courante. Et 30 % ne disposent d’aucun point d’eau dans leur domicile. Les robinets ne coulent que quelques heures par jour, parfois moins. Des familles entières survivent grâce à des citernes rationnées, pendant que les hôpitaux manquent d’eau pour soigner, et que des enfants ne vont plus à l’école faute de sanitaires.

En Guadeloupe, c’est un mois de scolarité par an que perdent les élèves à cause des coupures ou de la pollution de l’eau. Le prix du mètre cube peut y être deux fois plus élevé qu’en métropole.

Ce ne sont pas des incidents isolés. Le rapport « Soif de justice », fruit d’un travail de terrain conduit avec des associations comme « Mayotte a soif » ou « Notre Affaire à Tous », parle de discrimination environnementale systémique. Et ce n’est pas seulement injuste : c’est illégal. Car ces privations touchent la santé, la dignité, le logement, l’éducation, des droits fondamentaux garantis par la Constitution.

Cette crise de l’eau s’ajoute à une autre catastrophe : celle du chlordécone, pesticide massivement utilisé en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, alors que sa dangerosité était connue dès les années 1970. Résultat : plus de 90 % de la population adulte antillaise est contaminée. Les terres, les nappes phréatiques, la mer sont polluées pour des siècles. Et pourtant, l’État a longtemps nié, puis minimisé, puis refusé d’indemniser.
Ici encore, la double peine pour les Outre-mer : exposés, empoisonnés et abandonnés.

Pour aller plus loin : Eau : 88 % de la France menacée de pénurie d’ici à 2050

2,36 milliards : le prix de l’égalité

Le rapport chiffre à 2,36 milliards d’euros les investissements nécessaires pour garantir un accès normal à l’eau dans les Outre-mer. C’est le coût de la dignité. À titre de comparaison, c’est moins que le budget annuel de l’Élysée et de Matignon cumulés sur 10 ans. C’est 84 fois moins que les aides publiques versées aux grandes entreprises chaque année (qui s’élèvent à près de 200 milliards par an).

Et pourtant, rien ne vient. Les alertes du Défenseur des droits s’accumulent. Les collectifs multiplient les mobilisations. Mais l’État reste sourd. Il faut croire que les vies ultramarines valent moins que celles de l’Hexagone. Sinon, comment expliquer qu’on ait pu, selon Clémence Guetté, « dépenser dix fois plus pour dépolluer la Seine que pour garantir l’accès à l’eau aux Antilles » ?

Ce qui se joue ici, c’est une ségrégation territoriale. Une gestion raciste et coloniale qui ne dit pas son nom. L’eau potable est censée être un bien commun, universel, inaliénable. Mais pour des millions de Françaises et Français ultramarins, elle est devenue un luxe, une loterie géographique, une souffrance.

Le gouvernement Bayrou ne peut pas dire qu’il ne sait pas. Il sait. Et il laisse faire. Il laisse pourrir la situation. Il espère que le silence, la résignation ou la fatigue étoufferont la colère. Mais cette colère monte. Et elle est légitime.

La France insoumise, seule à porter une réponse politique globale

Depuis plusieurs années, La France insoumise est la seule force politique à dénoncer cette situation avec constance. Elle ne s’est pas contentée de tweets ou de déclarations de circonstance. Elle a interpellé, proposé, voté, et surtout écouté.

En 2021, Mathilde Panot s’est rendue en Guadeloupe et en Guyane, rencontrant les collectifs, documentant les coupures et saisissant la Défenseure des droits. Elle dénonçait la privatisation de l’eau par Veolia, qui a « touché l’argent public sans jamais garantir le service ».

En juin 2025, dix parlementaires, dont Mathilde Panot et Jean-Philippe Nilor, député LFI de Martinique, ont tenu en Martinique des « assises populaires » contre la vie chère, posant les bases d’un projet de loi contre les inégalités dans les Outre-mer à venir en septembre.

Au Parlement, des amendements ont été déposés pour inscrire le droit à l’eau dans la loi, créer un Haut-Commissariat de l’eau, bloquer les tarifs, et lancer un plan d’urgence pour Mayotte. Dans son programme, LFI prévoit : la gratuité des premiers mètres cubes d’eau pour les besoins vitaux, la reconquête publique des réseaux, la fin des délégations privées comme celles de Veolia et un plan d’investissement public co-construit avec les mouvements locaux dans les services publics ultramarins (eau, santé, logements, éducation, transports).

L’eau est un droit, pas un privilège

L’eau est un droit. Pas un privilège. La République ne vaut rien si elle ne garantit pas à chacune et chacun les conditions élémentaires de la vie digne. La situation à Mayotte, en Guadeloupe ou en Guyane ne serait jamais tolérée à Lyon, à Paris ou à Strasbourg. Ce deux poids deux mesures est dénoncé par la France insoumise qui bataille pour que le droit à l’eau soit garanti, maintenant et partout.

Et comme le disait Thomas Sankara, dans une phrase qui résonne encore aujourd’hui : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns ou l’eau potable pour tous ».

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Source: https://linsoumission.fr/2025/06/26/outre-mer-cruel-manque-eau/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/outre-mer-un-cruel-manque-deau-une-faillite-politique-li-fr-26-06-25/

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