
Lundi 5 mai 2025, le parking du Pôle d’échanges multimodal d’Auray (Morbihan) va devenir payant. Ce qui n’est pas sans provoquer des mécontentements. Après les riverains, les usagers TER et TGV, qui utilisent quotidiennement ce mode de transport.
Par Sibylle LAURENT.
« Vous voyez l’affiche, là ? Ils l’ont mise hier ! » Une feuille A4, scotchée sur un abri de bus… lui-même entouré d’une barrière de travaux. C’est sûr qu’en matière de lisibilité de l’info, on a connu mieux. Alors forcément, cette affiche qui indique le futur prix du parking de la gare, c’est un peu la pilule de trop.
A Auray (Morbihan), les usagers TER et TGV sont eux aussi directement concernés par le passage en payant, lundi 5 mai 2025, du parking du Pôle d’échanges multimodal. « C’est un truc de folie, un truc de dingue », résume Pierre, quadra, croisé un vendredi soir sur le parvis.
A compter de cette date, les abonnés TER et TGV, qui utilisent le train quasi quotidiennement, vont pourtant pouvoir souscrire à des formules d’abonnement pour stationner leur voiture, avec des places réservées. Simple sur le papier, apparemment plus complexe dans la réalité. « On n’a jamais été avertis directement qu’il fallait s’inscrire, raconte Pierre, qui de Brec’h va travailler à Vannes tous les jours. Il y a eu des réunions publiques, mais destinées aux riverains. Nous, les usagers du train, on n’a jamais été prévenus. »
Catherine et Sophie non plus ; l’une habite à Plœmel, l’autre Erdeven. Toutes deux, collègues, vont travailler à Vannes chaque jour. Le parking ? Une obligation. « Mais en effet, on l’a appris par le bouche-à-oreille, très indirectement », dit l’une, tandis que l’autre évoque « un article dans la presse. » Pour toutes deux, quoi qu’il en soit, « c’est inadmissible. On paie déjà notre abonnement de train et maintenant les parkings… » « Raisons floues, infos inexistantes et prix exorbitants », résume Sophie.
« Est-ce qu’on aura une place assurée ? »
Les questions sont multiples. Sécurité des données fournies, le fait que pour l’instant une seule voiture peut être inscrite… Mais surtout, résume Céline, quinqua en imper beige qui descend du 17 h 18: « On va avoir une carte, mais est-ce qu’on aura assurément une place sur le parking ? Je me pose vraiment la question. » Pierre s’inquiète : « La Région va multiplier par deux le nombre de TER pour la rentrée, donc il y a aura deux fois moins de places. Ça veut dire qu’il faut passer à un abonnement annuel et pas mensuel. On a un peu la sensation de se faire berner et que ce qui ne devait pas coûter très cher, coûte en fait un peu cher. »
Catherine, elle, a déjà souscrit une année d’abonnement, « car il y a un mois gratuit. On n’a pas le choix, on ne peut pas aller se garer ailleurs, car tout est en zone bleue. Mais si ça se trouve, on va payer et on n’aura pas de place… » Quant à Lucie, habitante de Brec’h, elle tique : « Pour l’abonnement, on est obligé de s’engager sur trois mois, alors qu’on nous avait dit que ce serait mensuel. Il y a un vrai manque de transparence et de communication. »
Mais le vrai problème, ça reste le prix. « Tu es abonné TER, ça coûte 20 balles par mois, cela fait tout de même 220 € l’année, reprend Pierre. Ça n’est quand même pas rien. Et pour les abonnés TGV, c’est 85 € par mois. C’est énorme ! » Céline résume : « Cela nous coûte plus cher de parking que d’abonnement TER. » Une partie de celui-ci est en partie pris en charge par son employeur, à Vannes : cela lui coûte du coup 15 €. « Et donc 20 € pour le parking… Avec les jours de télétravail… C’est totalement excessif. » Pour l’instant, elle vient à vélo. « Mais c’est parce qu’il fait beau… C’est clair que je vais me poser la question cet hiver. » « Et ça pourrait même être contre-productif, résume Pierre. Certains sont en train de se dire qu’ils vont reprendre leur véhicule, que tout ça ne va pas dans le sens des mobilités douces. »
Auray Quiberon terre atlantique veut lever les craintes
Contacté, la communauté de communes Auray Quiberon terre atlantique (Aqta) veut lever toutes les craintes. Oui, l’abonnement garantit bien une place : « Sur plus de 350 stationnements sur les parkings nord et sud à Brec’h et à Auray, une centaine de places sont réservées aux abonnés TER, une centaine en abonnement forfaitaire et les places restantes, environ 150, destinées au stationnement occasionnel. » Pour l’instant, en effet, une seule voiture peut s’inscrire, « mais très rapidement on ouvrira à un second véhicule ».
S’agissant de la protection des données, Effia, gestionnaire du parking pour Aqta, est soumis au règlement général sur la protection des données (RGPD). « Elles sont anonymisées et non accessibles publiquement, c’est la loi. » Quant aux tarifs, votés en conseil communautaire, ils ont été « alignés sur ce que font les gares voisines », Vannes et Lorient.
Aqta rappelle que la mise en place du payant vise « à améliorer la fluidité du trafic, à lutter contre le stationnement prolongé et les véhicules dits « ventouses » et « à empêcher la saturation du stationnement à Auray par les usagers des gares voisines, où les parkings sont déjà payants », le tout dans un contexte d’augmentation de fréquentation de la gare.
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