Pas de trêve olympique pour les licenciements (IO.fr-26/07/24)

Rassemblement des salariés de Duralex devant le tribunal d’Orléans, le 24 avril. (AFP)

Le capital continue ses affaires, les travailleurs continuent d’en faire les frais. Des PME aux grands groupes, un seul objectif, la recherche du profit.

Par Edith BOURATCHIK .

Chocolaterie Poulain

Située près de Blois dans le Loir-et-Cher, l’usine risque d’être fermée d’ici à la fin 2024. 109 emplois sont sur la sellette. Un salarié précise que « le groupe dégage toujours autant de bénéfices. L’incompréhension est totale ». La crainte des salariés, c’est le licenciement et la délocalisation de l’entreprise. Plusieurs rassemblements ont déjà eu lieu, une intersyndicale CGT, FO, CFDT s’est constituée.

Chaussures Arche

Située en Indre-et-Loire, comptant cent dix salariés et grâce à un montage juridique astucieux, ce sont les salariées des boutiques de cette enseigne qui, dans un premier temps, sont licenciées.

Duralex

Les 228 salariés de Duralex verront leur sort fixé le 26 juillet. Implantée à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), c’est encore au nom de la rentabilité que les salariés attendent un éventuel repreneur. Dans toutes ces entreprises, ce qui sert de prétexte, c’est le coût de l’énergie, l’inflation… Mais à qui la faute ? Plus de 100 salariés étaient présents lors du prononcé en délibéré.

Saunier-Duval

A Nantes, ce sont 250 suppressions sur 950 postes qui seront concernés en janvier 2025 a annoncé la direction le 17 juillet. Et ce alors que l’entreprise a touché des millions d’euros de CICE sous Hollande, et des millions d’allégements de charges avec le gouvernement Macron. « Ni licenciement ni départ contraint », exigent les salariés.

ArcelorMittal

2 500 salariés à Fos-sur-Mer pour le deuxième groupe sidérurgiste mondial. Face à une prétendue crise de la production européenne, le site ne fonctionne plus qu’avec un seul fourneau depuis octobre. Résultat, deux jours de chômage partiel par mois. La direction indique que cette situation va perdurer et même s’amplifier, puisque la production devrait considérablement baisser. Les salariés craignent à juste titre un plan de licenciement. Le groupe ne fait pas dans la philanthropie puisqu’il demande un plan d’augmentation de la productivité de 10 % et continue ses importations notamment chinoises, moins chères.

Valeo

L’équipementier automobile (110 000 salariés dans le monde, 14 000 en France) a annoncé la vente des deux sites de production de La Suze (270 salariés, Sarthe) et de Saint-Quentin-Fallavier (350 salariés, Isère), ainsi que du centre de recherche de La Verrière (Yvelines) qui a déjà été frappé en janvier 2024 par l’annonce d’un plan social concernant 207 emplois (sur un total alors de 617 emplois). Les sacrifices consentis par les salariés, depuis 2018, avec le gel des salaires pendant deux ans, la délocalisation de certaines productions n’auront pas suffi au bonheur patronal qui en demande toujours plus.

Biogaran, Sanofi

La revue Challenges, le 19, juillet évoque « ces dossiers chauds qui avancent sans attendre le prochain gouvernement ». Il est vrai que l’enjeu est lourd puisqu’il concerne des dizaines de milliers de salariés. Pour faire simple dans cette jungle boursière, Biogaran veut se débarrasser des médicaments génériques qui ne rapportent pas. Sanofi veut se débarrasser de son secteur non rentable comme l’Aspégic, le Doliprane, les médicaments achetés sans ordonnances. L’enjeu c’est de dégager 18 milliards d’euros que rapporterait la vente de ces secteurs jugés non rentables. Les deux géants pharmaceutiques voulant recentrer leur production sur ce qui rapporte le plus. Toujours plus de milliards (voir encart ci-dessous).

Cynisme patronal

Ces quelques exemples illustrent non seulement le cynisme du patronat qui jette des milliers de salariés à la rue mais aussi l’urgence d’appliquer le programme du NFP et rien que le programme. Car de l’autre côté, dans cet arc républicain bêlant, ils attendent de pied ferme pour accélérer leurs mesures comme l’indique le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, pour lequel des « coûts salariaux excessifs, y compris le Smic » et « des impôts trop lourds » sur les entreprises, cela « serait très mauvais pour l’emploi ». Voilà qui est dit !

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Le CICE, c’est quoi ?
Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi a été instauré par Jean-Marc Ayrault, Premier ministre du gouvernement de François Hollande, en 2012 et appliquée dès janvier 2013. Il consiste en un avantage fiscal afin de réduire le coût du travail pour les entreprises. Son taux est passé de 4 % de la masse salariale en 2013 à 7% en 2017. Autrement dit, plus l’entreprise est importante, plus elle bénéficie d’un crédit d’impôt important. Il n’existe aucune statistique par entreprise. Il est communément admis que le CICE représente au moins 20 milliards par an donnés aux entreprises. E. Macron s’est employé dès son premier mandat à renforcer ce dispositif pour mettre en place, au 1er janvier 2019, une baisse pérenne de cotisations sociales qui remplace le CICE. Pour faire simple, l’entreprise est exonérée de charges jusqu’à 1,6 Smic.
La fortune des 500 Français les plus riches : 1 228 milliards
La fortune cumulée des 500 plus riches Français dépasse en 2024 pour la première fois les 1 200 milliards d’euros et le nombre de milliardaires progresse, selon le classement annuel du magazine Challenges publié le 18 juillet. Au total, les 500 plus grandes fortunes totalisent 1 228 milliards d’euros, 5 % de plus qu’en 2023, dont plus de la moitié (693 milliards) pour les dix premiers. Le nombre de milliardaires progresse à 147, contre 141 en 2023 et 67 il y a dix ans, et la fortune minimale pour figurer parmi les 500 plus riches Français est désormais de 245 millions d’euros, contre 235 l’année dernière et 80 en 2014. En 2022, dans la dernière analyse disponible de l’Insee, il y a neuf millions de pauvres en France, soit 15 % de la population qui percevait pour une personne seule moins de 1 216 euros mensuels. La théorie macroniste du ruissellement, ce n’est pas pour tout le monde !

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/07/26/pas-de-treve-olympique-pour-les-licenciements/

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