
Par Rose-Marie DUGUEN
Ils livraient, dans le Finistère, des colis réceptionnés sur la plateforme logistique Amazon de Briec près de Quimper. Mais leur employeur, NGS Express, ne travaille plus avec le géant américain. Depuis avril 2023, ces livreurs sont en difficulté : leurs salaires ne sont pas versés en intégralité, ils ne sont pas encore licenciés, ils ne peuvent pas postuler ailleurs…
Assurer la livraison chez les clients, en vans, des colis qu’Amazon réceptionne et trie sur son unique plateforme en Bretagne, à Briec près de Quimper dans le Finistère. Voilà le métier qu’ont exercé environ 37 salariés pour NGS Express, de l’automne 2022 au printemps 2023.
En avril 2023, ces salariés s’étaient rendus visibles en bloquant l’entrée du site logistique Amazon car ils n’étaient plus payés intégralement par leur employeur, NGS Express, une société basée en région parisienne. Amazon avait arrêté de travailler avec ce prestataire pour « non-conformité avec notre code de conduite et nos obligations contractuelles », indique, de nouveau, le géant américain.
« 980 € pour deux mois »
Mais depuis avril, la galère continue pour ces anciens livreurs qui ont le sentiment que « l’on se fout » d’eux. Yohann est toujours salarié de NGS Express. Mais il n’y a plus d’activité. Les versements de salaires sont, décrit-il, aléatoires : « 980 € » pour lui pour avril. Depuis, rien. « Comment on fait pour vivre avec ça ? » D’autres auraient reçu plus – « jusqu’à 1 900 € » – d’autres bien moins, voire même « des fiches de paies avec des salaires négatifs… », fait-il savoir.
Un imbroglio
La situation se complexifie encore car une partie de la trentaine de salariés ne le serait peut-être plus : « Pour 15 personnes, ce n’est pas clair : on nous dit que des documents ont été transmis à Pôle emploi sur des démissions, des ruptures conventionnelles, des licenciements… », fait savoir Yohann. La situation est un imbroglio, dont ils pâtissent.
« On ne comprend pas »
Ces salariés ont pris un avocat. La CGT les suit aussi depuis le mois d’avril. Le syndicat s’étonne que « les procédures prennent tant de temps. On ne comprend pas. C’est dramatique », commentent Gilbert Gléonec, permanent de l’Union départementale de la CGT du Finistère, et Yves Guiriec, ancien conseiller prud’homal et aussi membre de la CGT.
Le tribunal de commerce a nommé un administrateur provisoire. Contacté par Ouest-France, celui-ci déplore, lui aussi, la situation. Il rappelle que la mission pour laquelle il a été nommé à partir du 7 avril est par nature limitée à des actes de gestion courante et qu’il ne peut pas demander l’ouverture d’une procédure collective sans l’accord de l’actionnaire (c’est-à-dire le gérant) de l’entreprise.
L’administrateur provisoire indique aussi avoir alerté le gérant que la trésorerie ne permettrait pas de payer les salaires de mai ; il a été demandé au chef d’entreprise un apport de trésorerie suffisant mais celui-ci a refusé. L’administrateur provisoire a donc alerté le tribunal de commerce.
Contactée, l’entreprise NGS Express n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Les délais sont longs »
Les salariés comme la CGT espèrent que le tribunal engagera « la liquidation judiciaire » de la société NGS Express le plus tôt possible, peut-être d’ici fin juin. « Cela pour que ces salariés puissent bénéficier de leurs droits et pour aussi pouvoir aller chercher du travail ailleurs », plaide la CGT.
Le syndicat a également déposé « un référé, fin mai », devant les prud’hommes, pour régulariser la question des salaires depuis l’automne (la période avant que la nomination de l’administrateur provisoire). « Un référé est une procédure d’urgence. On nous dit qu’il serait examiné le 6 juillet. C’est long… », déplorent les représentants syndicaux.
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