
Invoquant des économies budgétaires, la majorité régionale a décidé de couper les subventions versées aux organisations syndicales. Celles-ci dénoncent une décision brutale qui risque de mettre à mal le dialogue social.
Plutôt calme d’ordinaire, Isabelle Mercier est très en colère
. Comme beaucoup de ses collègues, la secrétaire de l’union régionale CFDT n’a pas de mot
pour qualifier la décision de la Région. C’est juste dégueulasse
, lâche-t-elle.
« Cela montre le mépris des élus de la majorité vis-à-vis du dialogue social »
La nouvelle est tombée mi-décembre, au Ceser (*), où siègent les représentants des syndicats. Lors de l’examen du budget 2023, on a découvert que la subvention annuelle allouée depuis des années par la Région aux organisations syndicales était purement et simplement supprimée
, relate Michel le Roc’h, coordinateur des unions départementales FO des Pays de la Loire. On n’a pas été prévenu avant, même par un simple courrier
, enrage Isabelle Mercier.
Un trou dans leur budget
Pour les syndicats, le coup est rude. La CFDT va perdre 58 000 € – de quoi financer un poste équivalent temps plein
- la CGT 35 000 €, FO 23 400 €. On a des sources de financement plus importantes mais ça reste un montant conséquent pour nous
, souligne Catherine Paris, secrétaire du comité régional CGT. Ça nous permet notamment de rembourser les frais de déplacement et les salaires des militants qui siègent dans les diverses instances régionales
.
Pour l’Unsa, la perte est moins importante, autour de 3 800 €. C’est une petite somme, mais on en a besoin. Au-delà de ça, supprimer cette aide montre le mépris des élus de la majorité vis-à-vis des organisations syndicales et du dialogue social dans la région
, s’emporte Pascal Priou.
« Un signal inquiétant »
Dans une déclaration commune adressée à la présidente du conseil régional, Christelle Morançais (ex-LR), les huit syndicats siégeant au Ceser soulignent que l’arrêt brutal
de cette subvention annuelle, mise en place sous la précédente majorité de gauche et maintenue jusqu’alors, constitue un signal inquiétant
. Cela va impacter fortement nos finances et mettre en péril notre capacité à mener un dialogue social de qualité
, déplorent les signataires (CFDT, CGT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires).
On siège dans des tas d’instances, on alerte la Région sur la situation économique des entreprises, on est très investi. Et d’un coup, on nous supprime les moyens pour le faire
, s’énerve Isabelle Mercier.
« Pas de nos compétences »
Une délégation de la CFDT a été reçue par le cabinet de Christelle Morançais pour lui demander de revenir sur sa décision. En vain. De même, le courrier adressé par FO à la présidente de Région est resté lettre morte.
Subventionner les organisations syndicales ne relève pas de nos compétences
, justifie Laurent Dejoie, vice-président (LR) du conseil régional en charge des finances. Nous avons maintenu cette aide jusqu’alors, mais avec l’augmentation des dépenses dans tous les domaines, nous devons nous recentrer sur nos priorités
.
En 2022, l’enveloppe allouée aux syndicats s’est élevée à 148 000 €, soit 0,007 % du budget de la Région. Mais pour son grand argentier, il n’y a pas de petites économies.
(*) Conseil économique, social et environnemental régional
Xavier BOUSSION (Presse Océan)