Près de 1 600 victimes de pédocriminalité dans l’Église ont saisi l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) depuis 2022, selon un rapport dévoilé ce mardi 25 mars.
Par Clémentine EVENO
L’affaire Bétharram, dans laquelle le premier ministre François Bayrou est embourbé, a agi comme un nouveau détonateur dans l’opinion publique avec plus de 170 faits dénoncés de violences physiques, psychologiques, ou des violences sexuelles de la part de responsables de l’établissement privé catholique proche de Pau. Mais ce n’est encore que la face émergé de l’iceberg comme le montre le rapport de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), dévoilé ce mardi 25 mars. « Au 24 mars, 1 580 personnes se sont adressées à l’instance et 1 235 sont accompagnées », a affirmé la présidente de l’Inirr Marie Derain de Vaucresson en présentant à la presse le bilan de trois ans d’activité.
Cet organisme avait été créé par l’épiscopat français dans le sillage du rapport de la Ciase en 2021 sur la pédocriminalité dans l’Église, en parallèle de la CRR (Commission reconnaissance et réparation) destinée aux victimes dans les congrégations.
Un « pic de demandes » pendant l’affaire Bétharram
Dans le détail, de mars 2022 à décembre 2024, l’Inirr a reçu 1 519 demandes de reconnaissance et de réparation, dont 168 sur la seule année 2024, ce qui correspond à 11 % de la totalité des sollicitations enregistrées. La présidente de l’Inirr Marie Derain de Vaucresson a évoqué « une reprise d’activité en février » 2025, où « l’instance a été sollicitée par 31 personnes, alors que nous étions à une moyenne de 10 personnes par mois ». « C’est évidemment une conséquence de la médiatisation des violences sexuelles dans l’Église en lien avec l’affaire de Bétharram et les révélations autour de l’abbé Pierre » survenues l’été dernier, a-t-elle ajouté.
D’autant qu’au moment où l’enseignement catholique est secoué par l’affaire Betharram, l’instance avait déjà enregistré un « pic de demandes » en février 2024, au moment des premières révélations sur cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques. Sur la seule année dernière, l’instance a reçu au total 168 saisines.
Un âge moyen de 61 ans
Au total, l’Inirr a rendu 765 décisions, dont 99 % comportent une dimension financière, et « 132 accordent le montant maximum » de 60 000 euros, « ce qui témoigne de la gravité des violences subies ». L’an dernier, le montant moyen des réparations s’est élevé à 36 430 euros.
Le profil des victimes est resté, en 2024, dans la continuité de l’année précédente : 66 % sont des hommes, et leur âge aujourd’hui atteint 61 ans en moyenne. La moitié des victimes avaient entre 11 et 15 ans au moment des faits. Plus de la moitié (52 %) a été victime d’« au moins un fait de viol » et 46 % d’« au moins d’un fait d’agression sexuelle ». Et 52 % des violences ont duré « d’un à cinq ans ».
Mais les faits de pédocriminalité ne se limitent pas aux diocèses. Ainsi, cinq jours plus tôt, devant la commission d’enquête parlementaire « sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires », Alice Casagrande, secrétaire générale de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), déclarait, jeudi 20 mars : « Les établissements scolaires sont le premier lieu institutionnel » où se commettent des violences sexuelles sur mineurs.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/pedocriminalite-en-trois-ans-pres-de-1-600-victimes-ont-saisi-linstance-de-reconnaissance-et-de-reparation-de-leglise-h-fr-25-03-25/