
Une pétition, une manif’, une expo… À Ancenis-Saint-Géréon (Loire-Atlantique), habitants, élus et usagers de l’hôpital activent plusieurs leviers afin d’éviter que les urgences ne disparaissent. À compter du 10 février, elles fermeront de nouveau la nuit.
Et si les urgences de l’hôpital d’Ancenis-Saint-Géréon (Loire-Atlantique) fermaient pour de bon ? Voilà un scénario auquel nombre d’habitants, patients ou élus se refusent à assister. Aussi, plutôt que de rester spectateurs, certains deviennent acteurs d’une mobilisation, née au cours de l’automne 2022.
En novembre, alors que les urgences du Chel étaient closes la nuit depuis le début du mois par manque de personnels, Magali Terrien, une Ancenienne inquiète, se décide à prendre son clavier d’ordinateur et à rédiger une pétition en ligne pour dire « non » à cette fermeture qu’elle redoute comme « définitive » à terme. Au fil des jours, le manifeste est partagé, signé par des dizaines, des centaines puis, rapidement, des milliers de personnes.
« Difficile à accepter »
Le 12 décembre, le compteur affiche 3 200 signatures. Ce même jour, son autrice Magali Terrien est invitée à s’exprimer dans le cadre très officiel du conseil municipal d’Ancenis-Saint-Géréon. « Il est difficile à accepter de devoir faire plus de 40 km pour être soigné, alors que nous avons un service d’urgences à quelques mètres ou kilomètres », insiste-t-elle.
Rémy Orhon, le maire ancenien qui a également la casquette de président du conseil de surveillance de l’hôpital, ne peut qu’abonder dans le même sens. « La mobilisation des habitants est importante. La fermeture des urgences la nuit est préjudiciable pour tout le monde. »
Un courrier au ministre… sans réponse
La mobilisation pour l’hôpital ancenien, jusqu’ici citoyenne, vient de prendre un tournant politique. Ce même 12 décembre 2022, le maire Rémy Orhon annonce avoir « interpellé le préfet et l’Agence régionale de santé, ainsi que les cinq sénateurs de Loire-Atlantique et le député de la 6e circonscription ». Quelques jours plus tard, l’élu est co-signataire avec Johanna Rolland, maire de Nantes, d’un courrier transmis au ministre de la Santé, François Braun.
Lundi 2 janvier 2023, les urgences du centre hospitalier Erdre et Loire rouvrent 24 heures/24. Mais cela n’est pas lié aux démarches engagées par les élus. Non, cette reprise est rendue possible grâce aux plannings des personnels de santé à la fois anceniens et nantais, puisque des médecins urgentistes viennent régulièrement en renfort depuis le CHU.
« Dès qu’on recrute, on rouvre »
Une éclaircie, enfin. Mais de courte durée. Vendredi 10 février, sur les coups de 17 h, les urgences du Chel fermeront à nouveau leurs portes jusqu’à 8 h 30 le lendemain. Et cette fois-ci, la fermeture est à durée non-déterminée. « Dès qu’on recrute, on rouvre », précise Sandrine Delage, la directrice de l’hôpital.
Malgré les diverses annonces publiées via « Pôle Emploi et sur tous les sites Internet possibles », dixit Sandrine Delage, malgré les multiples demandes aux agents hospitaliers « d’activer leurs réseaux », l’établissement ne parvient pas à embaucher.
« Il nous faudrait au moins trois médecins urgentistes pour pouvoir fonctionner à nouveau 24 heures/24. » Des postes à temps partagé entre le Chel et le CHU de Nantes – « intéressants professionnellement » selon Sandrine Delage – sont proposés. Sans succès, pour le moment.
« Alerter la population »
Attendre d’éventuelles recrues sans se bouger ? Magali Terrien ne peut s’y résoudre. En plus de la pétition, elle a créé le Collectif de soutien aux urgences du Centre hospitalier Erdre et Loire. Et au sein de l’hôpital, une section du syndicat CGT s’est lancée en ce début d’année 2023. Ensemble, tout ce petit monde a décidé d’organiser une manifestation « de soutien aux urgences », samedi 18 février. Rendez-vous est fixé à 10 h, au départ de la station Esso.
En parallèle, la municipalité organise une exposition de photographies valorisant le travail des soignants. Objectif affiché par Rémy Orhon, le maire : « Alerter la population et les pouvoirs publics. Si la commune a survécu au Covid, nous craignons que la fermeture des urgences ne soit fatale à certains habitants. » Les clichés du photographe Vincent Sarazin sont à découvrir dans plusieurs sites de la Ville, mais aussi dans des commerces anceniens, du 6 au 26 février.
Pendant ce temps, la pétition en ligne de Magali Terrien continue de recueillir des signatures, 4 553 au dernier comptage. La lettre transmise par la municipalité au ministre de la Santé reste, elle, sans réponse.
Samedi 18 février 2023, à 10 h, manifestation de soutien aux urgences d’Ancenis. Départ depuis la station-service Esso.
Basile CAILLAUD