Robin des bois déplore la décision de l’État de ne pas dépolluer un bunker de Plogoff (Finistère) où sont stockés des déchets de marée noire. Sur 44 dépôts recensés dans le Finistère, cette association militante estime que onze sont particulièrement à risque pour l’environnement, car situés à proximité directe de la mer.
Par Delphine VAN HAUWAERT.
« Cette décision est scandaleuse ! » Trois jours après l’annonce, par la préfecture du Finistère, de son intention de ne pas toucher au pétrole stocké dans un blockhaus à Plogoff, dans le Finistère, l’association de défense environnementale Robin des Bois a décidé de monter au créneau.
Ce bunker est l’un des lieux dans lesquels a été enfoui le pétrole ramassé sur les côtes, après le naufrage du pétrolier Boehlen, le 15 octobre 1976, au nord-ouest de l’île de Sein. Et si l’on en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il s’est trouvé au cœur d’un différend entre une association patrimoniale et la mairie.
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44 sites en Finistère, dont onze en bordure littorale
Des prélèvements ont depuis été analysés par le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux), révélant un déchet d’hydrocarbure « extrêmement pâteux, vieilli, stable et ne dégageant plus de substances volatiles ». D’où cette décision des services de l’État de ne pas dépolluer le site, mais d’en interdire l’accès au public.
L’association militante Robin des bois craint aujourd’hui « que cette réponse fasse tache d’huile et encourage les autres communes dépositaires de ces sites (N.D.L.R. : où ont été entreposées des déchets de diverses marées noirs antérieures à l’Erika, depuis laquelle un nettoyage est réalisé), à ne pas entreprendre non seulement de dépollution, mais même de surveillance ».
En Finistère, Robin des bois, qui s’appuie sur un inventaire officiel, réalisé en 2018 et consultable par tous, en dénombre 44, dont onze en bordure littorale, « c’est-à-dire dans les dunes, les hautes plages et les marais, parfois à proximité directe d’habitations et souvent dans des zones protégées ».
« On préfère refiler la patate chaude aux suivants »
Ce sont ces sites (à Locquirec, Plouescat, Roscoff, Plouarzel, Plouhinec, Primelin et Esquibien) qui inquiètent le plus l’association, « car exposés aux vagues et submersions, à l’érosion du trait de côte et aux inondations des bassins-versants ».
Pour ces défenseurs de l’environnement, engagés notamment en Bretagne sur des dossiers tels que la présence de munitions en rade de Brest ou les bateaux poubelle, « la bonne décision aurait été de prendre les choses à bras-le-corps et dépolluer, en associant État et collectivités. M ais on préfère refiler la patate chaude aux suivants, comme depuis des décennies ».
Robin des Bois écrira prochainement à la ministre en charge de la Mer, pour l’alerter sur ce dossier, mais aussi sur celui des épaves, « en particulier le Tanio, pétrolier coulé au large de Roscoff, qui fuit de plus en plus et qu’il est indispensable de pomper, avant que le navire ne s’éventre et cause une nouvelle marée noire ».
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