
Rebelote : après une dernière mobilisation réussie contre le projet de réforme des retraites, les Pontivyens ont à nouveau répondu par milliers à l’appel de l’intersyndicale, ce mardi 31 janvier.
Après avoir mobilisé près de 3 000 manifestants le 19 janvier, pour protester contre un nouveau report de l‘âge de départ à la retraite voulu par le gouvernement, l’intersyndicale est encore parvenue à inonder Pontivy, ce mardi 31 janvier. Au total, le rassemblement sur la Plaine aurait attiré 4 000 personnes selon la gendarmerie, entre 4 000 et 5 000 selon les organisateurs. Dans le cortège, d’après notre comptage et celui de deux autres confrères de la presse locale, au moins 3 000 personnes ont battu le pavé.
« Berceau, boulot, caveau »
Mais qu’importent les calculs d’apothicaires. La marée humaine arc-en-ciel, teintée du rouge de la CGT et FO et du bleu de la CFTC en passant par l’orange de la CFDT, le jaune de la Confédération Paysanne et les couleurs de la FSU est « une réussite » pour Ronan le Nezet, secrétaire général de l’union locale de la CGT. « On a rassemblé des gens de l’industrie, de la santé, de l’enseignement. Ça montre l’état d’esprit du pays qui ne veut pas du berceau, boulot, caveau », a exhorté le syndicaliste, mentionnant les 80 milliards d’euros perçus par les actionnaires du CAC 40 en 2022, un record historique.

« Si on taxe les super profits à 15 %, comme le propose l‘Union Européenne, on récupère les 12 milliards d’euros de déficit du système de retraite qu’on nous annonce pour 2027 », abonde au micro un représentant de Force Ouvrière, soulignant que « 29 % des hommes les plus pauvres sont déjà morts à 64 ans. Cette réforme signifierait 15 000 salariés morts avant la retraite de plus ».
« Je ne me vois pas le faire »
Parmi les manifestants, Bertrand brandit sa pancarte : « Travailler moins, Vivre mieux ». « On dépasse les limites planétaires, trois fois trop en France. Repousser le départ à la retraite de deux ans, c’est deux heures de travail en plus par semaine pour tous », peste le Pontivyen. « Ça va à l’inverse de la tendance, il faut ralentir ou périr ».

Fabienne, elle, est aide-soignante. « 64 ans, ça sera très compliqué, j‘aurai l’âge de certains de mes résidents ! Je ne me vois pas les porter, les coucher », grimace-t-elle, le regard inquiet. Autre secteur mais même amertume, Erwan travaille dans l’agro-industrie, « en trois-huit ». Pour lui comme pour les deux tiers des Français, cette réforme est « injuste. On travaille dans le chaud, dans le froid, c’est physique. Pousser des bacs de 200 kg à 64 ans, je ne me vois pas le faire… »

Riwan MARHIC