Plus de 6 000 personnes dans les rues de Morlaix contre le projet de réforme des retraites. ( LT.fr – 19/01/23 )

Ce jeudi 19 janvier 2023, alors qu’il n’était pas encore 11 h, à Morlaix, la place des Otages était déjà noire de monde. Au fil des minutes, les nouveaux arrivants se sont massé le long des trottoirs
Ce jeudi 19 janvier 2023, alors qu’il n’était pas encore 11 h, à Morlaix, la place des Otages était déjà noire de monde. Au fil des minutes, les nouveaux arrivants se sont massé le long des trottoirs alentours. Avec une certaine forme de confusion vers 11 h 30-45, entre passage des voitures et manifestants en marche. (Le Télégramme/Gwendal Hameury)

Mobilisation historique à Morlaix contre le projet de réforme des retraites. Plus de 6 000 personnes ont répondu ce jeudi 19 janvier 2023 à l’appel des syndicats. Parmi eux, des primo-manifestants.

Malgré la pluie, la mobilisation de la première journée contre la réforme des retraites 2023 a été historique à Morlaix. Ce jeudi 19 janvier, les syndicats FSU, Solidaires, Unsa, CGT, CFTC, CFE-CGC, FO et CFDT, soutenus par les Socialistes du Pays de Morlaix avaient appelé à se rassembler à 11 h, sur la place des Otages. Ils avaient décidé de faire front commun contre le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement. Plus de 6 000 personnes (8 000 selon les syndicats, 5 000 selon la police) ont répondu à cet appel. Des manifestants syndiqués portant banderoles et pancartes mais aussi beaucoup de non encartés, néanmoins bien visibles avec leurs cirés, leurs parapluies colorés…

Des primo-manifestants

Battant aussi le bitume et échangeant de ci-delà, la rédaction a ainsi rencontré des voix du Pays de Morlaix, qui n’avaient encore jamais foulé la rue en mode protestataire. Que ce soit celle de la Cité du Viaduc ou d’une autre ville. Comme des jeunes du lycée Tristan-Corbière, Annah, Elena, Nina, Evan, Lenaig et Alban, âgés entre 15 et 16 ans, qui ont expliqué leur « colère », leur « inquiétude » et une forme d’ « écœurement » aussi… « À force de pousser les retraites… Si ça continue, nous on va devoir travailler toute notre vie. Et ça, c’est pas cool ! » A quelques mètres d’eux, il y avait aussi deux femmes de Plouigneau, Emelyne, 28 ans et Sandrine, 48 ans, qui font « des ménages » et « gagnent un salaire mensuel assez aléatoire ». Elles sont inquiètes. « On a un espoir, si cette réforme ne passe pas ».

Emelyne, 28 ans et Sandrine, 48 ans de Plouigneau, sont venues pour la première fois manifester. Elles font des ménages avec des "salaires aléatoires"... "Alors les retraites ?" El
Emelyne, 28 ans et Sandrine, 48 ans, de Plouigneau, sont venues pour la première fois manifester. Elles font des ménages avec des « salaires aléatoires »… Elles espèrent que « cette réforme des retraites ne passera pas ». (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Ces deux groupes de primo-manifestants se sont dits aussi étonnés de l’ambiance de la manifestation : « C’est calme, bien plus qu’on ne pensait. Il y a une bonne ambiance et du monde et ça c’est important, ça fait du bien ».

Marie-Claude et Corinne
Marie-Claude, 80 ans, de Plougonven, en fauteuil roulant, est venue manifester avec sa fille, Corinne, infirmière anesthésiste à l’hôpital, 56 ans. Défendre les acquis sociaux, les générations futures… (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Des professionnels rarement revendicatifs mais cette fois bien présents

Pas très loin, il y a d’autres groupes de manifestants qui sont, eux, rarement visibles dans la rue… Comme des sapeurs-pompiers du Sdis 29. Ou encore des membres du secteur de l’agro-alimentaire, venus notamment de l’entreprise de la Cooperl, La Lampaulaise de salaisons. Un de ses représentants CFDT, Christophe Moalic, assure, d’ailleurs, d’une forte mobilisation dans son entreprise, « environ 90 % de grévistes sur les 390 salariés ». Une mobilisation afin d’exprimer un « non clair à cette réforme » : « Nous sommes déjà trop nombreux à ne pas connaître une carrière complète sans être victimes de troubles musculosquelettiques, voire à être licenciés pour inaptitude suite à des maladies professionnelles… » Alors deux ans de plus ?

Danielle, 65 ans, de Loire-Atlantique, est une habituée des manifs. Parmi ses motifs de solidarité de rue, le cas Julian Assange dont elle demande la libération. Cette fois, c'est sur le bitume morlai
Danielle, 65 ans, de Loire-Atlantique, est une habituée des manifs. Parmi ses motifs de solidarité de rue, le cas Julian Assange dont elle demande la libération depuis des années. Cette fois, c’est sur le bitume morlaisien que l’ancienne enseignante a décidé de « défendre les acquis sociaux ». (Le Télégramme/Cécile Renouard)

C’est « non ». Et « encore non ». Une opposition forte entendue ici et là dans le rassemblement. Dans les conversations tout autant que dans les slogans. Comme cette sorte de refrain, clairement menaçant : « S’ils détruisent nos acquis sociaux, on bloquera tout le pays », entendu chez l’intersyndical. Ce message de « défense indispensable des acquis sociaux » est aussi repris dans des groupes familiaux comme Marie-Claude, 80 ans, de Plougonven, qui s’est déplacée en fauteuil roulant, avec sa fille, Corinne : « Il faut se mobiliser pour protéger les générations futures. Je suis handicapée et en fauteuil roulant. Ça ne m’empêche pas de venir ici ».

Les mines étaient graves en écoutant les discours des syndicats installés au kiosque à musique de la place des Otages.
Les mines étaient graves en écoutant les discours des syndicats installés au kiosque à musique de la place des Otages. (Le Télégramme / Cécile Renouard)

Autre famille mobilisée, Camille, 37 ans, de Pleyber-Christ, venue avec ses deux jeunes enfants : « Mes enfants ont parfaitement compris l’intérêt. Il est temps de se mobiliser largement pour défendre les acquis sociaux. Je n’étais pas née quand ils ont été conquis par nos aînés. Mais ils ont lutté pour. À nous de les défendre maintenant. Pour nous et nos enfants ». Même fougue chez Mélanie, enceinte, et Charles, 37 ans, respectivement enseignante et cuisinier à Morlaix, présents avec leur petite, Annah, 4,5 ans : « C’est un ras-le-bol général. Il faut tout faire pour préserver les droits, les acquis sociaux… Il faut protéger les retraites et aller plutôt s’attaquer aux sommets, voire du côté de la corruption », des « hauts profits ».

Odette et Camille
Odette, 78 ans de Saint-Jean-du-Doigt et Camille, 63 ans, de région parisienne, sont toutes deux syndiquées à la CGT. Elles se sont dit « heureuses d’avoir enfin vu les jeunes dans le cortège ». Autre « bon signe », « il y a du public mais aussi du privé ». Elles se souviennent des manifestations de 2010 contre une réforme des retraites. (Le Télégramme/Cécile Renouard)
L'association QuB pour Queers uni.e.s de Bretagne était aussi présente dans la manifestation, proposant un café chaud. "Nous aussi sommes concernés par la réforme. Nous y sommes opposés". Po
L‘ association QuB pour Queers uni.e.s de Bretagne était aussi présente dans la manifestation, proposant un café chaud. « Nous aussi sommes concernés par la réforme. Nous y sommes opposés ». Pour rappel, une première marche des fiertés est prévue le 27 mai. (Le Télégramme/Cécile Renouard)
La forte mobilisation de ce jeudi 19 janvier 2023 en a surpris plus d’un. Le démarrage de la manifestation a été quelque peu chaotique. Vers 11 h 30-45, il y a eu trois départs différents. Avant final
La forte mobilisation de ce jeudi 19 janvier 2023 en a surpris plus d’un. Le démarrage de la manifestation a été quelque peu chaotique. Vers 11 h 30-45, il y a eu trois départs différents. Avant finalement qu’un cortège d’ampleur prenne son rythme depuis la Place des otages, jusqu’ à la rue de Paris, pour rejoindre ensuite la place du Pouliet et un retour vers le centre-ville par le rond-point Charles de Gaule. Avec une fin des festivités vers 13 h. (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Auteur : Cécile Renouard

Source : Plus de 6 000 personnes dans les rues de Morlaix contre le projet de réforme des retraites – Morlaix – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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