
Suite à une plainte de l’association environnementale Eau et Rivières de Bretagne, la justice ordonne à l’État de prendre des mesures immédiates pour lutter contre la pollution des eaux par les nitrates issus de l’agriculture. En pays d’Iroise, le représentant de l’association se félicite de cette décision.
Il y a deux ans, l’association Eau et Rivières de Bretagne avait attaqué l’État en justice, dénonçant les mesures insuffisantes face aux pollutions des eaux par les nitrates et leurs conséquences sur les estuaires et les eaux côtières, notamment les algues vertes et la mauvaise qualité des eaux de baignade. Jeudi 13 mars 2025, le tribunal administratif de Rennes leur a donné raison, a demandé à l’État d’agir sous dix mois et reconnaît le préjudice écologique subit par l’ensemble de la Bretagne.
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« Une deuxième victoire »
Le pays d’Iroise, en Nord-Finistère, est fortement touché par cette pollution. Selon Laurent Le Berre, administrateur d’Eau et Rivières de Bretagne et président de l’Association pour la protection de la côte des Légendes : « C’est une deuxième victoire, car l’Agence régionale de santé avait déjà été condamnée, en 2023, pour son inaction sur les plages bretonnes et notamment dans la baie de Portsall, à Ploudalmézeau, et les plages de Landunvez. Cela fait des années que l’on tire la sonnette d’alarme. »
« On veillera »
« Des efforts ont été faits, mais il y a toujours trop de nitrates d’origine agricole dans les cours d’eau et on n’est toujours pas entendus. Au Conquet, par exemple, il y a une augmentation des algues vertes car l’État a autorisé dernièrement l’expansion d’exploitations agricoles. Cette fois, la justice donne dix mois à l’État pour qu’il se dote d’outils de contrôle afin de réduire cette pollution. On veillera, bien sûr, à ce que cela soit fait. »
« Mieux organiser tout ça »
Pour le militant environnemental, la tâche reste encore très difficile, « car l’État ne sait même pas où les agriculteurs font des épandages d’engrais azotés sur les bassins-versants. Il y a un bien des carnets d’exploitations, mais ils ne remontent pas à l’État. Il faudrait mieux organiser tout ça car, désormais, la justice reconnaît que la grande majorité de la pollution est d’origine agricole. Et non pas issue de la déjection des oiseaux sur les plages, comme on a pu l’entendre parfois de la part de certains élus ».
« Revenir à une agriculture plus humaine »
Pour l’association Eau et Rivières de Bretagne, « il nous faut revenir à une agriculture plus humaine, en donnant plus de place à de petites exploitations. Il faut arrêter l’intensification des élevages, généraliser l’agriculture biologique et des systèmes à bas niveaux d’intrants. Sur les côtes touchées, il n’y a plus de poissons, plus de faune. C’est inquiétant, car il y va de l’avenir de notre environnement, de notre écosystème et celui de nos enfants », conclut Laurent Le Berre.
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