Par Hugo MARREQUESTE.
Le long du canal de Nantes à Brest, Benoît Rommelaere est en charge des écluses de Pontivy (Morbihan) et ses alentours. Un travail qui lui plaît toujours autant, même onze ans après son premier coup de manivelle.
Puni, le Centre-Bretagne ? Pas de plages, pas de côtes, de vagues, de marées… Bref, pas d’eau ? Un territoire rural et central et basta ? Non. En une série de six volets, qui seront publiés le vendredi et le samedi, pendant trois semaines, la rédaction Ouest-France de Pontivy va évoquer l’eau. Des histoires d’eau et des lieux incontournables autour ou à Pontivy, pour barboter, se rafraîchir ou juste flâner. Et souvent, loin de la foule. Premier volet : Saint-Nicolas-des-Eaux, le hameau tourné vers le Blavet.
Sans lui, les touristes seraient bien embêtés sur le canal de Nantes (Loire-Atlantique) à Brest (Finistère). Depuis onze ans, Benoît Rommelaere est éclusier à Pontivy (Morbihan) et s’occupe des plaisanciers qui fuient les côtes pour la tranquillité du Centre-Bretagne. Une centaine de bateaux défilent sous ses yeux tous les ans, majoritairement l’été, même si cette année 2023 a été marquée par une prolifération massive des algues au printemps qui a des conséquences sur la saison estivale.
Sa manivelle dans la main, il accueille un couple de touristes qui naviguent depuis deux jours. Avec Alexandre Le Bras, saisonnier, ils s’affairent, d’un geste précis, à refermer la porte pour ajuster le niveau de l’eau. « Certains ont juste à appuyer sur un bouton quand le mécanisme est électrique
, rigole le natif de la région de Carcassonne en moulinant. Ces gestes sont d’autant plus répétitifs que parfois, seulement une centaine de mètres séparent deux écluses.
Apprendre à attendre
De ce métier, Benoît en a retenu une vertu : la patience. Que ça soit le temps que les plaisanciers arrivent, que les ventelles laissent
passer l’eau dans les écluses pour les vider ou les remplir ; tout ça ne peut pas être accéléré
, expose-t-il le regard lointain. Sa meilleure amie reste la musique
, affirme Alexandre alors qu’une mélodie des Fabulous Trobadors, un groupe toulousain, s’échappe de la voiture.
Reste que sans lui et son binôme, les touristes ne passeraient pas des vacances aussi reposantes. Il est impossible de faire de l’auto-éclusage, d’où notre présence. En plus, ça ferait perdre entre 30 et 45 minutes aux vacanciers à chaque fois
, estime-t-il tandis que des spectateurs viennent filmer l’ouverture des portes. On s’habitue aux curieux à force
, lance-t-il. Lors de son arrivée en 2012, ils étaient onze titulaires. Ils ne sont plus que trois maintenant pour gérer les 72 écluses qui composent leur territoire.
« Je ne lâcherai ce métier pour rien au monde »
Mais son travail ne se résume pas à taquiner son jeune binôme et accompagner les plaisanciers dans leur navigation en les suivant en voiture. Il faut connaître un minimum l’histoire du canal pour en parler. J’ai aussi l’entretien du canal et du halage à ma charge
, rapporte Benoît Rommelaere. Une aubaine pour cet ancien jardinier du Père-Lachaise qui a planté des dahlias le long de l’écluse 107. C’est toujours plus agréable pour les passants et les cyclistes
, sourit l’employé.
Ce qu’il apprécie le plus dans son quotidien ? « Pouvoir changer de paysage à chaque écluse
assure-t-il en pointant du doigt un ancien moulin. Avant d’ajouter : Je ne lâcherai ce métier pour rien au monde.
Une passion pour le canal de Nantes à Brest qu’il connaît comme sa poche mais qu’il ne cessera jamais de redécouvrir.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/portrait-sa-vie-declusier-ce-pontivyen-ny-renoncerait-pour-rien-au-monde-of-fr-12-08-23/