Portugal : la droite von Papen ouvre la porte aux néo-salazaristes. (NBH – 28/07/25)

Luis Montenegro, chef de gouvernement de droite (PSD), qui a gouverné pendant son premier mandat en s’appuyant sur le PS, se tourne désormais vers le parti néo-salazariste Chega, devenu la première formation d’opposition, depuis les législatives en mai. Le premier ministre portugais réélu à la tête du gouvernement, opère un virage vers l’extrême-droite bafouant sa propre parole. 

La tactique de Montenegro consistant à s’appuyer sur le Parti socialiste (PS) pour gouverner, comme il l’avait fait durant son premier mandat (2023-2024), est révolue. Alors qu’il avait assuré qu’il ne s’allierait en aucun cas avec le parti d’extrême droite Chega, « Non, c’est non! » avait-il proclamé, Chega s’est transformé en principal partenaire parlementaire du premier ministre.

Créé en 2019, Chega est devenu le premier parti d’opposition avec 60 députés (22,76 % des voix), 2 de plus que le PS et le deuxième parti du pays en nombre de sièges au Parlement. Son influence grandissante sur la scène politique portugaise s’est déjà traduite par la présentation de plusieurs projets de réforme visant à durcir le contrôle de l’immigration. Le premier texte, un amendement de la loi relative aux étrangers, a été jugé si violent que même le président de la République portugaise de droite, Marcelo Rebelo de Sousa , avant de le promulguer a décidé de le renvoyer devant la Cour constitutionnelle. 

Pour la première fois en cinquante ans de vie démocratique, l’un des deux partis phares d’un système politique est supplanté par une formation qui rejette les valeurs d’Avril.

Une majorité allant de la droite à l’extrême droite pourrait même détricoter la Loi fondamentale à son gré, comme l’Initiative libérale (9 députés), rejointe par Chega, l’a clairement laissé entendre au lendemain du scrutin du 18 mai, afin que la Constitution ait « moins de penchant idéologique », qu’elle reflète une « société plus libre et autonome » et que l’État cesse d’avoir un rôle central dans l’économie.

En clair briser, casser, anéantir les conquêtes sociales et démocratiques d’Avril.

Le chef de Chega André Ventura a annoncé la couleur: « Ne comptez pas sur nous pour le politiquement correct, parce que ce parti n’est pas politiquement correct. Ne comptez pas sur nous pour dire amen à l’idéologie du genre ou à ce qui se fait dans les écoles portugaises. Ne comptez pas sur nous pour dire amen à Bruxelles ! » On voit le genre…Orban, RN, Fratelli d’Italia, Trump ou Poutine. Toute la pègre brune. Il a imposé ses thèmes de campagne – sécurité, « reconquête de l’Europe chrétienne », dénonciation de l’immigration. Chega veut « nettoyer le Portugal » (Limpar Portugal). On peut, on doit s’attendre au pire.

Les médias, détenus par de grands capitalistes ou l’Etat, ont joué « le rôle d’aile armée du narratif de Chega »

Le sentiment d’insécurité – même si le directeur de la police portugaise a rappelé que « le Portugal est l’un des pays les plus sûrs au monde » –, le racisme et les inégalités nourrissent un ressentiment qui favoris les néofascistes. Au Portugal comme en France et ailleurs.

Les ressorts de la propagande de Chega sont d’essence salazariste avec un recours systématique à cette volonté de « sauver le Portugal » en dénigrant les « valeurs d’Avril » héritées de la révolution des Œillets. Le tout imprégné d’un discours trumpiste transnational qui vise à construire « une alliance civilisationnelle » des « nations chrétiennes et blanches comme la Hongrie ».

Face à cette situation où en est la gauche?

Le Parti socialiste est passé de 42 % des suffrages à moins de 23 % en l’espace de trois ans. Le parti est en  crise Son secrétaire général Pedro Nuno Santos a démissionné en mai 2025 car pour une partie des cadres du parti et pour ses adversaires, il incarnait une ligne trop à gauche marqué du souvenir de la « geringonça » (une espèce d’alliance objective PS, PCP et Bloc de gauche entre 2015 et 2019) stigmatisée par la droite et l’extrême droite. C’est l’aile droite du PS qui en a pris la direction.

Le reste de la gauche n’est pas en meilleur état.

La lente érosion du PCP se poursuit (4 sièges avant les législatives, 3 désormais), processus qui touche tous les PC.

 Le Bloc de Gauche (Bloco de Esquerda) n’a plus qu’une députée (contre 4 sièges en 2024). 

L’état de la gauche est donc catastrophique à l’heure où les néo-salazaristes sont si proches du pouvoir et l’influencent déjà fortement.

A l’heure où une révision constitutionnelle réactionnaire, liquidant les dernières conquêtes de la Révolution d’Avril, se prépare.

A l’heure où Chega semble bien placé pour renforcer son ancrage local lors des prochaines municipales, notamment au sud du Tage. Le 18 mai, il est arrivé en tête dans quatre districts de la région d’Alentejo qui fut un bastion du communisme portugais.

La peste brune menace très gravement le Portugal.

Antoine Manessis

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/07/portugal-la-droite-von-papen-ouvre-la-porte-aux-neo-salazaristes.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/portugal-la-droite-von-papen-ouvre-la-porte-aux-neo-salazaristes-nbh-28-07-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *