
Par Agathe HAREL
Plusieurs dizaines de personnes ont répondu à l’appel de l’association Droit au logement, mercredi 14 juin, devant la préfecture de Nantes. Les opposants demandent le retrait de la loi Kasbarian-Bergé, visant à protéger les logements contre l’occupation illicite qui, selon eux, « criminaliserait » les plus précaires.
« Maintenant, quelqu’un qui a un accident de la vie et qui ne peut plus payer son loyer est amendable, expulsable », s’insurge Marie-Hélène Vaugeois, présidente de l’association Indecosa CGT Loire-Atlantique. Ce mercredi 14 juin, plusieurs dizaines de personnes et de représentants d’organisations étaient rassemblées devant la préfecture de Nantes pour s’opposer à la loi Kasbarian-Bergé « anti-squat ».
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Examiné l’après-midi même au Sénat, le texte vise à protéger les logements contre l’occupation illicite en alourdissant les sanctions. Un serrage de vis qui fait bondir les associations : d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende actuellement, le squat deviendrait un délit passible de trois ans de prison et 45 000 € d’amende. Le triple.
« On criminalise les gens qui se mettent à l’abri, martèle Philippe Gallis, coprésident de l’association Droit au logement 44. À Nantes, on a des milliers de logements vacants et le numéro d’urgence 115 ne peut pas loger tout le monde. Pourtant, le gouvernement continue de protéger les propriétaires. » Selon lui, le projet de loi pèserait aussi sur les locataires les plus modestes, avec des délais d’expulsion réduits en cas d’impayé. « Le coût de la vie a augmenté, les APL ont baissé et donc la part du budget consacrée au logement devient de plus en plus importante. »
Loi de réquisition
Les associations réclament le retrait du texte de loi et une politique du logement ambitieuse, avec la construction et la réhabilitation de logements. « Une possibilité serait d’appliquer la loi de réquisition de 1949, qui permet aux maires de réquisitionner des locaux vacants pour y loger des personnes sans-abri », propose Philippe, avant d’ajouter d’un air narquois : « L’un des seuls à vraiment l’avoir utilisée, c’était Jacques Chirac quand il était maire de Paris. Comme quoi… »
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