
Faut-il dissoudre les Celtics Ultras et les Ultras Brestois 90, groupes de supporters du Stade Brestois ? Telle est en tout cas la proposition du sous-préfet de Brest (Finistère). Mais du côté des supporters, la mesure fait débat.
Par Paul LOUAULT.
« À côté de la plaque » pour les uns. « Il est temps de frapper fort », selon d’autres. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’annonce d’une possible dissolution des deux groupes de supporters du Stade Brestois fait débat. C’est pourtant la volonté du sous-préfet de Brest (Finistère), Jean-Philippe Setbon après l’interpellation, mercredi 4 juin 2025, de 22 supporters membres des Celtics Ultras et des Ultras Brestois 90.
Tous faisaient partie, en avril 2025, de la quarantaine de supporters brestois, cagoulés et armés de barres de fer, qui avaient bloqué la voie express pour s’en prendre aux supporters lensois, avant leur retour dans le Nord. Mais après une saison historique du Stade Brestois, notamment marquée par une ferveur inconditionnelle de ses deux groupes de supporters, leur probable dissolution suscite de vives réactions.
Des violences régulières ?
À travers un appel à témoignages auquel ont répondu près d’une centaine de Brestois, nous vous avions demandé votre avis. Pour ou contre ? Deux discours s’opposent. « Il faut agir contre toutes ces violences qui gangrènent le football français, assène Erwan. Je suis d’accord sur le fait de dissoudre les deux groupes. Je pense qu’ils sont allés trop loin. » Opinion que partage également Romain : « Ces groupes s’octroient des droits qu’ils n’ont pas, faisant jouer l’effet de groupe pour appuyer leur attitude et actes menaçants. »
« Je me suis sentie en danger »
Quand certains évoquent un cas isolé, d’autres pointent des faits de violences réguliers. « Je me suis sentie en danger rien qu’en passant en voiture, rue de Paris, un jour de match, raconte Claire. La violence s’établie aussi en dehors du stade et ça ne peut plus durer. » Ce que confirme Lannig : « Ils sont trop violents et n’alimentent que la haine. »
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« Ne faisons pas l’amalgame »
À l’inverse, une majeure partie des supporters qui ont témoigné dénoncent « une sanction collective » face à des actes commis par une minorité. Les Celtic Ultras représentent près de 400 membres et les Ultras Brestois 90 environ 150. « Ne faisons pas l’amalgame entre tous les ultras », estime Pierre. « Je fréquente la tribune RDK depuis plus de quinze ans, sans jamais avoir ressenti une quelconque insécurité », assure Paul. Certains voient en cette décision « un coup de com’» du sous-préfet brestois, voir « un aveu d’impuissance de la part des autorités », face à quelques cas de violences isolés.
Plus d’effets négatifs que positifs ?
Avec, derrière, des conséquences qui pourraient ne pas être celles désirées. « Les groupes imposent un cadre et des règles qui permettent de limiter grandement les problèmes en tribune », fait valoir Stef. « Dissoudre ces groupes peut pousser certains supporters à former des groupes informels, entraînant des comportements plus extrêmes, sans le moindre cadre », complète Dorian.
Ce que constate d’ailleurs Sébastien Louis, historien spécialiste du supportérisme radical. « Une dissolution a plus d’effets négatifs que positifs. Le but de la dissolution est de menacer les groupes et les individus violents. Cela ne signifie pas que ces individus ne se rendront plus au stade. »
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