Pourquoi les États-Unis soutiennent-ils le projet de Netanyahou d’envahir le Liban? (Observateur Continental – 26/06/24)

26.06.2024

Les signes de sénilité de Biden, la crise du fentanyl, le coût de la vie élevé et la désaffection de la gauche démocrate face aux massacres israéliens à Gaza auraient fait chuter la popularité de Biden à des niveaux historiquement bas, ce qui pourrait faciliter le retour triomphal de Donald Trump en novembre aux élections présidentielles.

De même, six mois après l’invasion de Gaza, la désaffection de la société israélienne à l’égard de Benjamin Netanyahou se serait accrue en raison de sa gestion désastreuse de la crise avec le Hamas et de son manque d’intérêt à sauver les otages juifs et selon les derniers sondages électoraux, le Likoud de Benjamin Netanyahou serait chassé du pouvoir si de nouvelles élections avaient lieu, comme l’exige le nouvel homme fort de la politique israélienne, Benny Gantz. 

Benjamin Netanyahou fait face au mandat d’arrêt requis par le procureur de la Cour pénale internationale. «Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël, et Yoav Gallant, le ministre de la défense d’Israël, portent la responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur le territoire de l’Etat de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins», a déclaré dans un communiqué, Karim Khan, le procureur de la CPI, qui siège à La Haye». Il a martelé:  «Nous affirmons que les crimes contre l’humanité visés dans les requêtes s’inscrivaient dans le prolongement d’une attaque généralisée et systématique dirigée contre la population civile palestinienne. D’après nos constatations, certains de ces crimes continuent d’être commis».

Fin de la campagne de guerre à Gaza? Suite au châtiment asymétrique infligé par Israël, toutes les infrastructures de base, écoles, mosquées, hôpitaux et 90% des bâtiments de Gaza auraient été dévastés par des bombardements aériens systématiques, faisant, selon l’UNICEF, «37.431 victimes civiles palestiniennes et plusieurs milliers d’autres enterrées dans le décombres, dont plus de 14.100 enfants et 9.000 femmes tués et plus de 85.600 personnes auraient été blessées, dont 12.320 enfants. Des milliers d’autres sont portées disparues et seraient probablement sous les décombres». 

Le véritable objectif de la campagne militaire à Gaza était de provoquer une deuxième Nakba dans laquelle 1,5 million de Palestiniens seraient contraints d’abandonner une bande de Gaza transformée en une masse de décombres et de restes humains qui rendrait impossible le retour de la population gazaouie déplacée et confinée dans le camp de concentration à ciel ouvert de Rafah, une situation qualifiée d’«apocalyptique» par le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, tout en mettant en garde contre le «risque croissant de génocide». Il se dit «horrifié par les frappes israéliennes».  

Pour Volker Türk, «les frappes israéliennes à Gaza ont pu systématiquement violer le droit humanitaire». Fin octobre 2023, le directeur du bureau new-yorkais du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a quitté son poste, protestant contre le fait que l’ONU «manque» à son devoir d’empêcher, ce qu’il qualifie de génocide des civils palestiniens à Gaza sous les bombardements israéliens. Il a dénoncé les États-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l’Europe comme «totalement complices de cet horrible assaut». 

Ce confinement forcé de la population gazaouie constituerait une mesure de pression pour que l’Égypte ouvre sa frontière et que les Palestiniens s’installent dans la péninsule du Sinaï, après quoi Israël procéderait à la déclaration unilatérale de souveraineté sur Gaza et ses zones maritimes. À la deuxième phase du nettoyage ethnique entrepris par Israël, nous assisterons à l’expulsion de la population arabe de Jérusalem-Est et à l’expansion imparable des colonies israéliennes en Cisjordanie, laissant Ramallah comme un îlot palestinien dans un océan de colonies israéliennes où un Abbas va languir et devenir un simple serviteur d’Israël. 

De même, par treize voix contre deux, la Cour pénale internationale a ordonné à Israël de mettre fin à l’offensive de Rafah et à se conformer aux ordonnances de la Cour, favorisant la position dans le litige de l’Afrique du Sud, pays qui a dénoncé Israël pour non-respect de la convention des Nations Unies contre le génocide. Cependant, le jugement de Salomon dudit tribunal a permis la persistance du génocide de la population de Gaza, en utilisant la faim, l’eau, et le manque de fournitures médicales comme armes de guerre face à la passivité des États-Unis et de l’Europe. 

L’asymétrie des sanctions appliquées par Israël à Gaza aurait provoqué une désaffection envers Biden dans l’aile gauche du parti démocrate. Le cygne noir de Biden serait la protestation des étudiants universitaires contre l’invasion de Gaza dans les universités de Columbia et les expulsions par la police. Ce mouvement de contestation, par mimétisme, pourrait s’étendre au reste des universités aux États-Unis (rappelant les manifestations de 1968 contre la guerre du Vietnam) et provoquer une scission au sein du Parti démocrate, mais aussi affecter la solidité de la nomination de Biden comme candidat à la présidence à la Convention nationale démocrate qui se tiendra à Chicago du 19 au 22 août. 

Cela faciliterait le retour triomphal de Donald Trump aux élections présidentielles de novembre. C’est pourquoi l’administration Biden tente désespérément d’obtenir de Benjamin Netanyahou une déclaration de «trêve illimitée» qui permettrait l’échange d’otages juifs encore aux mains du Hamas, ainsi que de rétablir la circulation des camions d’aide humanitaire pour plus d’un million de Palestiniens confinés à Rafah, avec lequel Biden marquerait un objectif diplomatique important et laverait son image de collaborateur nécessaire d’Israël dans le nettoyage ethnique de Gaza. Cela permettrait à Biden de se présenter aux électeurs de la gauche démocrate comme le vainqueur de la trêve à Gaza et ainsi revenir dans les sondages électoraux. 

Le Liban comme nouveau champ de bataille? Le président Biden lui-même a reconnu dans une interview que «Netanyahou prolongerait la guerre pour des raisons politiques et pour rester au pouvoir à la tête d’une coalition gouvernementale complexe». 

Ainsi, un récent appel téléphonique entre Biden et Netanyahou aurait jeté les bases d’un accord qui bénéficierait aux deux dirigeants, consistant au retrait complet de l’armée israélienne de Gaza qui restera une zone démilitarisée sous le contrôle des casques bleus de l’ONU, mais où le Liban serait désormais la cible d’Israël et du Pentagone.

Ce conflit serait une bouée de sauvetage pour Netanyahou qui parviendrait à reporter les procès en cours et l’éventuelle accusation de crimes contre l’humanité contre la population gazaouie. 

Netanyahou, après avoir mis fin à la campagne contre Gaza, aurait décidé d’envahir le Sud-Liban pour déplacer les 400.000 habitants du sud Liban de l’autre côté du fleuve Litani, dans l’espoir de gagner du temps jusqu’à la victoire prévisible en novembre d’un Donald Trump avec lequel il pourra compter sur sa bénédiction pour l’exonérer de toute culpabilité devant la Cour pénale internationale. 

Cependant, l’offensive israélienne au Liban pourrait provoquer le soutien au Hezbollah de la part des milices chiites irakiennes, des moudjahidines afghans ainsi que des Houthis et des brigades iraniennes et pourrait conduire à un conflit régional majeur qui marquera l’avenir de la région dans les années à venir.

 Auteur : Germán Gorráiz López, analyste politique

Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6063

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/pourquoi-les-etats-unis-soutiennent-ils-le-projet-de-netanyahou-denvahir-le-liban-observateur-continental-26-06-24/

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