
Les Jeux désormais terminés, le chef de l’État se retrouve à nouveau devant la crise politique qu’il a lui-même déclenchée. Il n’a toujours pas nommé de premier ministre en remplacement de Gabriel Attal, démissionnaire, et la gauche remet la pression.
Emilio MESLET.
Non, la France n’a pas 16 mais 17 titres olympiques. Seulement, il y a une breloque, peu prestigieuse, que ne prend pas en compte le tableau des médailles de Paris 2024. Aux côtés de Léon Marchand, Cassandre Beaugrand, Pauline Ferrand-Prévot ou encore Teddy Riner, pourrait figurer Emmanuel Macron, champion olympique de la récupération et du déni.
Dimanche, les Jeux se sont achevés et le chef de l’État, hué à chacune de ses apparitions sur les écrans, ne peut plus feindre d’ignorer le paysage politique du pays. La « trêve », unilatéralement décrétée le 23 juillet par l’Élysée, prend fin de fait, puisqu’il n’y a plus, jusqu’aux Paralympiques, aucun athlète à cajoler ou féliciter devant les caméras.
Cinq semaines après la déroute de son camp aux législatives et vingt-huit jours après la démission du gouvernement de Gabriel Attal, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de premier ministre. Une situation ubuesque qui ne l’empêche pas d’être comme en lévitation. Et il ne semble pas pressé de retourner sur terre. En témoigne l’interview que le président de la République a accordée à l’Équipe, qui n’échappe pas aux poncifs macronistes.
« Quand on a des objectifs communs, rien n’est insurmontable »
« Il y a un perdant : c’est l’esprit de défaite, avance-t-il. Tous ceux qui nous expliquaient, depuis sept ans, que c’était fou d’accueillir les JO. » Comme si la réussite des Jeux était sa victoire personnelle. Sans l’expliciter clairement, le chef de l’État veut voir dans cet événement mondial une inspiration pour solder la crise politique qu’il a lui-même provoquée en dissolvant l’Assemblée nationale à la mi-juin. « Beaucoup de gens disaient : “C’est terrible, ça va gâcher les Jeux.” Cela les a-t-il gâchés ? Non », fanfaronne-t-il, précisant qu’il était « plus responsable de clarifier » la situation avant le rendez-vous olympique.
Un entretien dans lequel il n’oublie pas de glisser une allusion à ses desseins de grande coalition du « bloc central », malgré l’absence de majorité absolue au Palais Bourbon : « Quand on a des objectifs communs, quand on travaille ensemble, rien n’est insurmontable. » Comprendre : la crise, c’est les autres.
La quinzaine olympique a surtout permis à Emmanuel Macron de peaufiner, sous le soleil de Brégançon (Var), son plan, bâti pour éviter de perdre la main. Comment sauver la face ? Nommer à Matignon une personnalité qui donne l’allure d’une cohabitation sans en être une ? L’Élysée a laissé, ces dernières semaines, filtrer quelques noms pour remplacer Gabriel Attal, avec qui « la rupture est consommée » nous apprend le Parisien. Hormis l’ex-socialiste Bernard Cazeneuve, tous des hommes venus de la droite : le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, l’ancien commissaire européen Michel Barnier, l’ex-ministre Jean-Louis Borloo…
Avec les Jeux, Emmanuel Macron n’a, en revanche, pas réussi à faire disparaître l’hypothèse Lucie Castets. À peine la flamme éteinte, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon s’est manifestée, ce lundi, pour accentuer la pression sur Jupiter. « Nous nous portons garant (d’un) changement de pratique », a-t-elle écrit dans une lettre adressée aux parlementaires hors RN.
Des élus à qui elle redit qu’il lui sera « nécessaire de convaincre au-delà des rangs du NFP pour construire des majorités parlementaires ». D’après le Monde, le nom du futur premier ministre pourrait être annoncé la semaine prochaine. À moins qu’Emmanuel Macron ne déclare une nouvelle trêve.
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