Dans le domaine du pouvoir, il y a la façade et l’arrière cour. Bien souvent, les ministres changent, mais les «directeurs de cabinet» restent : ce sont ces hauts fonctionnaires méconnus du public et non élus qui font tourner les ministères, orientent les décisions et calibrent les éléments de langage, pendant que leurs ministres se contentent de passer dans les médias. Souvent, ces individus de l’ombre ont plus de pouvoir que les ministres eux mêmes.
Alors évidemment, en bon autocrate, Macron a voulu choisir lui même le directeur de cabinet de son Premier Ministre. Preuve supplémentaires qu’il ne s’agit que d’un pantin sous tutelle, et que le résultat des dernières élections a été effacé par le président qui s’accroche au pouvoir.
Ainsi, le journal l’Opinion révélait que Macron souhaite «désigner les ministres des Affaires Étrangères et des Armées. Mais il entend aussi choisir les occupants de l’Intérieur et de Bercy». Le 2 septembre, plusieurs jours avant la nomination de Michel Barnier, Le Monde rapportait que «l’Élysée aurait déjà trouvé un directeur de cabinet pour le prochain premier ministre». Avant même que Barnier ne soit Premier Ministre, Macron lui avait déjà imposé son conseiller. Il s’agit de Jérôme Fournel.
Il s’agit d’un fidèle macroniste, puisque ce haut fonctionnaire de 57 ans était le directeur de cabinet de Bruno Le Maire à Bercy, après avoir été directeur général des finances publiques et directeur de cabinet de Gérald Darmanin quand il était encore ministre des comptes publics.
C’est dans le cadre de cette fonction que Jérôme Fournel a «aidé» le PSG, propriété du Qatar, à esquiver les impôts français. Les faits remontent à l’été 2017, Macron venait donc tout juste d’arriver au pouvoir, et Darmanin était fraîchement ministre. À l’époque, le PSG organise le transfert du footballeur brésilien Neymar, et a peur de devoir payer des dizaines de millions de taxes sur cette opération hyper-couteuse.
Le club qatari veut alors «s’assurer qu’il ne paiera ni impôts ni cotisations sociales sur ce transfert – un énorme risque fiscal estimé entre 67 et 224 millions d’euros par les experts du club» explique Médiapart, qui a révélé l’affaire. Il contacte Darmanin par l’intermédiaire d’un député macroniste, qui charge Jérôme Fournel de «proposer des pistes au PSG pour échapper aux cotisations sociales».
Ces révélations ont été publiées par Médiapart en janvier 2024, quasiment 7 ans après. Peu après, la justice a ouvert une enquête et perquisitionné dans plusieurs services de l’administration fiscale du ministère de l’économie et des finances. Les enquêteurs saisissent alors un téléphone contenant des SMS de Darmanin, prouvant que le ministre «s’est personnellement impliqué en 2017 pour favoriser les affaires fiscales du club de football». Les SMS mettent aussi nommément en cause Jérôme Fournel, qui a rédigé une note blanche pour le PSG, contenant des conseils pour échapper aux cotisations.
Voilà qui peuple les ministères chargés du budget de l’État : des valets de milliardaires qui aident des clubs et des entreprises à échapper au fisc, donc à piller l’État. Ce sont ces mêmes ministères qui dénoncent «l’assistanat», fliquent les bénéficiaires de minimas sociaux et réduisent les allocations au nom de la rigueur budgétaire. Pire, quelqu’un comme Jérôme Fournel est monté en grade au fil des années, à tel point que Macron le sélectionne à présent pour diriger le cabinet de Matignon et contrôler Michel Barnier.
Les vrais voyous sont en costard, et le gouvernement est une association de malfaiteurs.
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