
Ludovic Lecuyer, chauffeur de bus pour la société FSO et délégué syndical FO en grève, s’est suicidé le 14 décembre. Un hommage était organisé ce 16 décembre avec un rassemblement des salariés, en grève depuis le 7 novembre pour leurs conditions de travail et leurs salaires.
Par Tamara ROSSI.
Le matin du 16 décembre, à Saint-Ouen-l’Aumône, une colère froide, de la tristesse et aussi l’envie de ne pas lâcher, même si la direction refuse d’accéder aux revendications. « FO poursuit le combat et c’est le meilleur hommage à rendre à Ludovic », indique le syndicat FO FSO.
Lors de l’hommage, un délégué du syndicat FO FSO prend la parole: « FSO, ce sont des fossoyeurs ! Restons unis ! Restons soudés ! Allons plus loin tous ensemble, ne laissons pas faire FSO ! » Un autre gréviste présent sur place commente : « Il paraît que ce conflit leur coûte 150 000 euros. 150 000 euros sur 40 jours, c’est ce qu’ils nous doivent sur 5 ans ! »
Dans un communiqué du 15 décembre, ce syndicat indique : « Après 37 jours de grève, l’ensemble des 480 salariés FSO attendent des réponses à la hauteur: ni salaire au rabais pour les nouveaux recrutés ni indemnité différentielle consistant à geler les salaires des ex-Stivo, avec négociation salariale bloquée pendant 5 ans, ce n’est pas ça la préservation des acquis! »
La police envoyée pour déloger les grévistes
La situation se tend depuis plusieurs jours. La direction du groupe a cherché à embaucher des travailleurs intérimaires pour que le bus circule de nouveau. La police a été envoyée par le préfet en fin de semaine dernière pour déloger les grévistes. Les salariés grévistes indiquent également que la direction paie des vigiles présents devant le dépôt. Aucune réaction de Valérie Pécresse, la présidente de région, sinon la répression.
Le mouvement bénéficie depuis le début du soutien de l’UD FO 95 et de la France insoumise. Différents groupes d’action LFI dans le 78 et le 95, ont également soutenu les grévistes et organisé des tractages sur les marchés. L’UD CGT 95 a également publié une motion de soutien aux salariés le 16 décembre : « Nous exigeons que la direction FSO ouvre de réelles négociations avec les grévistes et leur syndicat FO FSO avec de réelles propositions sur la base des revendications des travailleurs. »
Le député LFI Aurélien Taché interpelle le Préfet et Valérie Pécresse
Il y a aussi le soutien des députés LFI, notamment Aurélien Taché, qui s’est rendu à plusieurs reprises sur le piquet de grève et a organisé une réunion spéciale à Cergy avec les usagers et les militants.
Le député avait interpellé le préfet le 5 décembre déjà en sollicitant une médiation de l’inspection du travail.
Il écrit sur X le 16 décembre : « Combien de temps encore allez-vous vous murer dans le silence Valérie Pécresse? Un homme est mort, bon sang ! Des semaines que ces salariés protestent contre la mise en concurrence du service de bus, qui a dégradé leurs conditions de travail… Et même après ce drame, toujours pas un mot ? ».
Car il s’agit bien de la responsabilité de la région Ile-de-France, qui dans le cadre d’une privatisation, a accordé la délégation de service public à la société FSO le 1er janvier 2024, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des transports en commun en Ile-de-France (auparavant c’est la Stivo qui gérait ce réseau), ce qui a considérablement dégradé les conditions de travail des salariés et l’état général des bus qui présente un danger aussi pour les usagers.
Un salarié présent lundi au rassemblement réagit : « Avant, avec Transdev, aucun problème. Avec FSO, j’ai eu ma première paie avec 10 jours de retard et 300 euros de moins. Et l’Etat, il fait quoi? Il laisse faire? »
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