La Coop des masques, à Grâces, près de Guingamp, a été placée en liquidation judiciaire.
Ils ont vidé leurs casiers et rendu leurs clés de l’entreprise. Ce jeudi 13 octobre 2022, après l’annonce, la veille, de la liquidation judiciaire de la Coop des masques de Grâces, près de Guingamp (Côtes-d’Armor), les salariés ne cachaient pas leur colère.
Ce jeudi 13 octobre 2022, il est 16 h 30. Les douze salariés de la Coop des masques, à Grâces, aux portes de Guingamp (Côtes-d’Armor), sortent sac en main. Ils viennent de vider leurs casiers, et de remettre les clés de l’entreprise où la plupart d’entre eux étaient en poste depuis le 19 janvier 2021. La veille, ils ont appris par la représentante du personnel que le tribunal de commerce de Saint-Brieuc venait de prononcer la liquidation judiciaire de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) La Coop des masques bretonne et solidaire.
« J’avais atteint les 10 000 masques depuis le matin quand Aurore (la représentante du personnel) est entrée dans l’atelier et nous a dit de tout arrêter », livre Tristan, conducteur de ligne. Elle revenait du tribunal et nous a fait part de cette nouvelle à laquelle nous nous attendions…
À ses côtés, Amandine, commerciale, glisse : J’ai adressé un devis hier après-midi à un client qui me l’a retourné signé ce matin même.
Hier, on était tous au travail. Aujourd’hui, on est tous licenciés économiques
, abonde Nourdine, lui aussi conducteur de ligne, avant de grincer : Merci l’État !
« Ça me fout la rage ! »
En mars 2020, pour remédier au manque de masques FFP2 et chirurgicaux alors que la pandémie de Covid-19 sévit, le projet de création de la Coop est lancé. L’objectif : fabriquer 45 millions de masques par an, voire 90 millions en cas de nouvelles pandémies. Pour créer cet outil, collectivités, entreprises, associations, citoyens et salariés s’associent autour de ce projet collectif. La Coop voit le jour en juillet 2020 et les premiers masques sont conditionnés le 22 janvier 2021.
C’était une merveilleuse aventure solidaire, mais surtout humaine
, livrent les salariés. Qui se termine bien trop vite.
Plus que de la colère, ça me fout la rage
, fulmine Nourdine. Qui, comme ses collègues, redoute les lendemains. On nous a dit qu’on allait être accompagnés durant un an, qu’on allait conserver une partie de notre salaire. Mais, nous, nous aurions préféré continuer notre travail à la Coop des masques
, poursuit Tristan.
« Demain, ça va être dur »
C’est fini parce que l’État et de nombreuses entreprises n’ont pas joué le jeu. Parce qu’ils continuent de commander des masques en Chine. Alors qu’on nous a bassinés avec la soi-disant souveraineté sanitaire.
Alors que plusieurs personnes, dont Patrick Guilleminot, le directeur lui aussi licencié, et le liquidateur judiciaire arpentent le site de production, Serge Le Quéau, figure du syndicalisme et membre du conseil d’administration de la SCIC, déplore : L’aventure se devait et pouvait être belle. Mais, c’est un véritable gâchis.
Après quelques mots avec les salariés, lui aussi quitte le site de Grâces. Plus que des collègues, on est tous amis
, remarque Amandine. Mais, demain, on sera chacun chez soi. Sans ce collectif, ça va être dur…
Auteur : Fabienne MENGUY.