Près de Rennes, ce qui se cache derrière ces vols de panneaux de communes. ( LT.fr – 07/06/23 )

Subtilisés à Rennes, Vern-sur-Seiche et Vitré, des panneaux en breton ont été déposés le week-end de Pâques en face de la mairie de Carhaix.
Subtilisés à Rennes, Vern-sur-Seiche et Vitré, des panneaux en breton ont été déposés le week-end de Pâques en face de la mairie de Carhaix. (Le Télégramme/David Brunet)

Ces dernières semaines, des panneaux en breton, puis en gallo ont été subtilisés dans le pays de Rennes. On vous explique ce qui se cache derrière ces querelles intestines.

« A s’entrevair Lifrë. Kenavo Liverieg. » Mi-mai, Liffré a décidé de retirer ses panneaux d’entrée de villes en gallo et en breton. L’épilogue d’une séquence qui a vu s’affronter les partisans des deux langues de Bretagne.

Premier acte de ce conflit larvé entre bretonnants et gallésants ? La réapparition, le 9 avril, à Carhaix, d’une quinzaine de panneaux d’entrées de ville en breton dérobés ces derniers mois dans le pays de Rennes, dont plusieurs dans la capitale bretonne. À l’origine de l’action, la « brigade Albert-Poulain ».

Guerre de clochers

« Le gallo est la langue de Haute-Bretagne et est prioritaire à tout affichage bilingue préalable », revendique le collectif. Un tacle à peine masqué à la maire de Vitré, Isabelle Le Callennec, qui a inauguré en janvier la double signalétique français-breton. Les défenseurs de la langue celte ont riposté en subtilisant six panneaux en gallo à Liffré. Une escalade qui illustre une nouvelle fois la sensibilité des sujets liés à l’identité bretonne.

Symbole de cette hystérisation des débats, le président du Parti breton (PB), habitant de la Chapelle-Thouarault (Rennes Métropole), a comparé la situation à Mayotte à celle des gallésants en Bretagne. « Les collabos ont toujours accompagné la colonisation : en Bretagne (les gauchistes du gallo actuellement), (…), dans le sud des États-Unis (les « house-niggers »), en Algérie (les Harkis) (…), etc. Les Comores ne font pas exception », a tweeté Mathieu Guihard, le 25 avril.

Langue à défendre

Aujourd’hui, il assure que son tweet était « maladroit » et qu’il s’adressait à une « minorité de gens qui utilise le gallo pour faire avancer des positions gauchistes ». Selon lui, la langue doit être défendue car elle est parlée en Haute-Bretagne. Tout en rétorquant que le parler, d’origine romane, « n’est pas un symbole national ». Au contraire, le vol des panneaux en breton s’inscrit, lui, dans une séquence « d’attaques contre l’identité bretonne ». Et de citer l’exposition Celtique ? ou encore la sortie du livre de Benjamin Morel fustigeant « l’ethnorégionalisme » qui mettrait en péril l’identité française…

L’Union démocratique bretonne (UDB), qui compte dans ses rangs l’élue aux langues régionales à Rennes assure, elle, que « breton et gallo ne doivent pas être opposés ». Et que les deux langues doivent être défendues. Une déclaration d’intentions qui ne résiste pas à l’épreuve des faits. À Rennes, alors qu’il était question, en octobre, d’une signalétique d’entrée de ville trilingue français-breton-gallo, Montserrat Casacuberta-Palmada temporise aujourd’hui. « On se dirige vers une signalétique sur les lieux patrimoniaux. »

Une stratégie à vocation touristique mais sans plus pour le moment. « Ça marcherait peut-être davantage dans les petites communes », avance l‘ élue UDB. De fait, rétorque Guillaume Gérard, du collectif Du gallo en Bertegn, le gallo est surtout un parler populaire. « C’est une langue d’ouvriers, de paysans, d’artisans… C’est intéressant de constater que ces gens sont les oubliés des politiques publiques. »

Auteur : Kevin Storme

Source : Près de Rennes, ce qui se cache derrière ces vols de panneaux de communes – Rennes – actualités et informations locales en direct | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : Près de Rennes, ce qui se cache derrière ces vols de panneaux de communes – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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