Le groupe local d’Anticor Morbihan s’interroge sur l’implication de l’Agglomération de Lorient dans le développement du port de Duqm à Oman. Il a déposé un signalement pour prise illégale d’intérêt et détournement de fonds publics.
Par Olivier CLERO
La participation du port de pêche de Lorient au développement du port de pêche international de Duqm dans le Sultanat d’Oman continue de susciter des questionnements dans le Morbihan. Après la mobilisation des écologistes du pays de Lorient, en guerre depuis novembre contre cette participation, c’est au tour du groupe local d’Anticor Morbihan de s’emparer du sujet.
« Que la justice s’exprime »
Pour l’association de lutte contre la corruption et de soutien à l’éthique en politique, l’objectif n’est pas de savoir si on y importera du poisson par avion comme le craignaient les écologistes avant que ce ne soit officiellement démenti. « Nous demandons que la justice s’exprime sur quelque chose que nous considérons étrange », explique Tudual Yhuen, un des membres d’Anticor à l’origine du dépot d’un signalement au procureur de Lorient pour prise illégale d’intérêt et détournement de fonds publics.
Pour remporter la concession d’exploitation du port d’Oman pendant vingt-huit ans, une société commerciale, la SAS Ker-Oman, avait été créée avec la SEM Keroman qui gère le port de Lorient. « La participation de la SEM Keroman dans la SAS Ker-Oman a été diluée au fil du temps, passant ainsi de 80 % à 20 % à ce jour, au profit de différentes personnes privées. Alors que juste auparavant, Lorient Agglomération et la région Bretagne ont accordé des avances remboursables importantes à la SAS Ker-Oman (N.D.L.R. : pour un total de 750 000 €) », détaille Stéphane Bigata, coréférent d’Anticor 56, pour qui « l’argent qui a été investi par plusieurs personnes publiques ou parapubliques est susceptible d’avoir bénéficié principalement à des personnes privées ».
Quelles retombées économiques ?
Anticor craint que « la SEM Keroman risque de ne bénéficier que très marginalement des retombées économiques de ce projet portuaire ».
Officiellement saisi le 29 janvier 2024, le parquet de Lorient ne s’est pas exprimé sur les suites qu’il pourrait donner à ce signalement.
S’il ne s’en saisit pas, l’enquête s’arrêtera là, l’association Anticor ayant perdu son agrément en décembre dernier pour pouvoir se porter partie civile. S’il s’en saisit, l’enquête peut être longue.
Dans le Morbihan, Anticor a quatre signalements en cours depuis 2020 pour des attributions de marchés que l’association estime suspects. Aucun n’a encore abouti. « Il faut compter six à dix ans entre un signalement et une décision définitive », regrette Stéphane Bigata.
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