Par Nicolas DAHERON (Presse Océan)
Ils se sont réunis ce vendredi 25 août 2023 devant l’entreprise DFI qui fait partie de la holding DC Eco Habitat. Les employés pointent la gestion de la société revendue dans l’été et se disent sans solution.
Le 17 juillet, il a vendu à un investisseur parisien. Il nous a abandonné le 18
. Il y a de l’amertume et un sentiment d’injustice dans le propos de Franck Delespaul. Entrepreneur à Saint-Nazaire depuis 24 ans
, il a créé en 2012 la société Franck Delespaul Isolation (FDI), avec toujours des bons retours. Pas de dette
. Dix ans plus tard, il a vendu son entreprise de menuiserie et travaux d’isolation ainsi que la filiale Assist et Coordination (assistance à maîtrise d’ouvrage). Il y est resté comme salarié, au poste de responsable commercial. C’est un industriel de la région qui avait alors repris les rênes de ce qui est devenue la holding DB Eco Habitat, avec le rachat en octobre de la même année – 2022 donc – de la Plomberie Perret. Dès le début, j’ai senti un truc, c’était instinctif
, souffle une salariée. La situation s’est dégradée au fil des mois dans l’entreprise. Les griefs de 23 salariés sont multiples. Parfois il fallait mettre du gasoil dans les camions à nos frais, avant d’être remboursés
, rapporte un employé.
Un courrier à la procureure de Saint-Nazaire
La situation aurait pu s’améliorer pendant l’été. Car la holding a été revendue à un investisseur parisien
au mois de juillet. Le 17 juillet donc. Il a pris les camions et depuis rien
, disent les salariés. Et les choses ont continué à dérailler. Au point qu’une partie des employés n’ont pas eu leurs salaires des mois de juillet et août. J’ai été obligé de rentrer de congés, on ne laisse pas une équipe en plan
, souligne Vincent Véga, responsable d’agence à la Plomberie Perret. Franck Delespaul, lui, a démissionné. Mais je n’ai pas été payé en mai, juillet et août
, dit-il. Les salariés ont multiplié les démarches auprès de l’Inspection du travail, des Prud’hommes. Nous avons envoyé un courrier à la Procureure de la République de Saint-Nazaire pour demander la liquidation
, ajoute le directeur commercial.
Ce vendredi 25 août au matin, tous se sont réunis devant l’entreprise, implantée zone de Villejames à Guérande. Les salariés ont reçu le soutien des militants CGT de l’union locale de Saint-Nazaire. Des clients de l’entreprise sont là. Car eux aussi subissent les conséquences de cette situation ubuesque avec des acomptes versés sans que les travaux ne soient réalisés. C’est le cas de Nicolas Chartier qui rénove un appartement à Saint-Nazaire. J’ai 30 000 € d’acompte et 4 000 € en plomberie. Je suis sans recours
, indique-t-il.
« Plus de contact avec l’acheteur »
Contacté par Presse Océan, celui qui était gérant jusqu’à la mi-juillet reconnaît que la trésorerie était tendue
. Mais il affirme qu’il y avait déjà énormément de dettes
, explique-t-il demandant l’anonymat sur les conseils de mes avocats
. Au registre du tribunal de Commerce, il est d’ailleurs toujours inscrit comme le gérant malgré la vente de la holding DB Eco Habitat. La vente des parts sociales a été signée et enregistrée aux impôts
, précise-t-il, mais le repreneur n’a pas transmis les documents. J’ai vendu pour redonner de la stabilité à la trésorerie, en expliquant à l’acheteur ma volonté de pérenniser l’entreprise. Je voulais aussi qu’il y ait une continuité dans les travaux
. Lui assure qu’il ne peut désormais juridiquement rien faire
, et qu’il n’a plus de contact avec l’acheteur
. Les salariés, quant à eux, attendent des réponses. Nous, on veut être payés de nos salaires, de nos congés et être licenciés pour pouvoir retrouver du boulot
.
(*) Le repreneur parisien n’a pas donné suite à nos sollicitations
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/prives-de-salaires-les-salaries-dune-entreprise-de-guerande-dans-la-tourmente-of-fr-25-08-23/