Procès de Joël Le Scouarnec : « Je pensais que ma fille était la seule victime de mon frère » (OF.fr-27/02/25)

La sœur de l’accusé, ancienne professeure aujourd’hui âgée de 72 ans, s’est félicité qu’aujourd’hui, « on écoute la souffrance des victimes ». | VALENTIN PASQUIER

La sœur de l’accusé n’aurait jamais imaginé que son frère Joël Le Scouarnec, qui comparait devant la cour criminelle du Morbihan, aurait pu faire d’autres victimes que ses propres filles. Témoignant avec beaucoup d’humilité et d’empathie, elle a aussi révélé le viol subi dans l’adolescence.

Par Yvan DUVIVIER.

C’est une leçon de dignité, au lendemain de la très dérangeante audition de l’ex-épouse de Joël Le Scouarnec, qu’a donnée la professeure retraitée et sœur de l’accusé ce jeudi 27 février 2025, au quatrième jour du procès devant la cour criminelle de Morbihan. Cette femme de 72 ans n’a esquivé aucune question, jamais masqué son trouble, reconnu ses limites, cerné, aussi, celles d’une époque.

Lorsqu’en octobre 2000, elle apprend que son frère a abusé la plus jeune de ses deux filles, alors âgée de 10 ans, elle lui demande confirmation. Et l’obtient, assortie de cette marque de contrition :  Je n’aurai pas assez de toute ma vie pour réparer ce que j’ai fait. Ce sont des pulsions, je n’ai pas l’impression de faire du mal , lui répond son aîné de deux ans. Elle lui conseille de se soigner. Mais ne le dénonce pas.

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« Pas un homme comme lui »

 Je ne me suis pas rendu compte que c’était quelqu’un de dangereux , se défend cette femme établie en région parisienne. Elle ne savait pas encore que son frère avait aussi violé son aînée.  Je pensais que ma fille était sa seule victime, que jamais il ne recommencerait.  Quatre ans plus tard, la sœur est informée de la perquisition qui vise le domicile de son frère près de Vannes. Elle ne fait pourtant toujours pas le lien et n’évalue pas plus le risque lié à sa profession.  J’étais dans le déni, pour moi c’était impensable… Un homme comme lui, mon frère… 

Ce sont aujourd’hui 299 victimes qui demandent réparation et cette femme de 72 ans partage d’autant plus leur douleur qu’elle confie à l’audience avoir été elle-même violée, cette fois hors du cadre familial, lorsqu’elle avait 14 ans. Une révélation dont seules ses filles étaient jusqu’alors dépositaires,  deux filles que j’ai cru avoir perdues mais une psychothérapie familiale nous a permis de recréer du lien .

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Traumatisme enfoui jusqu’à 70 ans

Du lien, la septuagénaire n’entend pas en renouer avec ce frère. Elle n’attend qu’une réponse à sa question, persuadée  qu’on ne devient pas pédophile comme ça : Joël , l’interroge-t-elle depuis l’écran de la visioconférence,  tu sais bien qu’on ne se reverra plus, j’ai besoin de savoir pourquoi tu en es arrivé là. Est-ce que ton père ou quelqu’un a eu des gestes sur toi ? Dis-moi la vérité.  L’accusé délivre la sienne : « Je ne sais toujours pas pourquoi je suis devenu pédophile, pédocriminel. Ce dont je suis certain, c’est que je n’ai jamais subi une agression de la part de qui que ce soit. »

De celles qu’il a fait subir, résultent des souffrances qui pourront  s’apaiser avec le temps, comme un deuil. Mais on ne les oublie jamais. On vit avec et elles se réveillent à la moindre faiblesse  décrit cette femme qui connaît quantité d’autres victimes dont le traumatisme, « est resté enfoui, comme moi, jusqu’à 70 ans .

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Source: https://www.ouest-france.fr/societe/justice/affaire-le-scouarnec/proces-de-joel-le-scouarnec-je-pensais-que-ma-fille-etait-la-seule-victime-de-mon-frere-20142e64-f525-11ef-9626-1b6d524afb72

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