Procès du RN : Marine Le Pen ne contredit pas les faits, seulement leur illégalité (H.fr-14/10/24)

Marine Le Pen du RN, poursuivie pour détournement de fonds publics et entendue pour la première fois par le tribunal, a soutenu que les collaborateurs parlementaires pouvaient exercer une « activité politique ».

Par Florent LE DU.

Marine Le Pen dodeline de la tête. La prévenue, auditionnée lundi 14 octobre lors du procès de l’affaire des collaborateurs des eurodéputés FN/RN, dément les propos que lui rapporte Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen. « Non, c’est faux », s’agace la patronne de l’extrême droite française qui entame là la première de ses trois journées d’audition.

La présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, la renvoie alors dans les cordes : « Les propos qu’évoque Me Maisonneuve proviennent d’une déclaration écrite que vous avez fait parvenir à l’investigation puisque vous ne souhaitiez pas répondre à ses questions. » Touchée.

De quelle déclaration s’agit-il ? En 2017, alors qu’on reproche à des collaborateurs des eurodéputés FN/RN d’avoir en réalité travaillé pour leur parti tout en touchant des deniers publics, Marine Le Pen écrit : « Lorsque les assistants parlementaires n’étaient pas strictement occupés à des tâches parlementaires, ils pouvaient, à la demande de leur député, travailler pour le parti. » La présidente ajoute : « Ce que vous dites, c’est qu’ils avaient bien le droit de travailler pour le parti puisqu’ils n’avaient pas beaucoup de travail au Parlement européen… »

Une vision très verticale du parlementarisme

Pour la partie civile, cela constitue un aveu. Jusqu’ici tranquille, Marine Le Pen change alors de ton. Sa veste de costume noire s’agite tandis qu’elle se défend avec davantage de vigueur. « Vous cherchez la petite bête. La première question, c’est : un député travaille-t-il pour lui-même ? Je considère que l’activité politique d’un élu se fait au bénéfice de son parti et est indissociable de son mandat », soutient-elle, sans remettre en cause le fait que les collaborateurs aient pu travailler pour le parti et non pour leur parlementaire.

Développant ce qu’est pour elle « l’activité politique d’un député », allant de la participation aux meetings aux interventions médiatiques, elle soutient que, plus que le travail législatif, la mission d’un parlementaire du RN serait surtout de mener une campagne permanente pour les prochaines élections.

« Comment articulez-vous cette conception avec le principe d’indépendance du vote des députés ? » questionne alors le parquet. « Il existe des consignes de vote, réplique l’actuelle présidente du groupe RN à l’Assemblée. Les députés ne sont pas obligés de les suivre, il ne leur arrivera rien d’autre que de ne pas être réinvestis. »

En plus de livrer sa vision très verticale du rôle de député, ces déclarations servent sa défense. Pour elle, puisque la mission principale d’un député est « l’activité politique au bénéfice du mouvement », alors, en servant le parti, les assistants parlementaires auraient servi, indirectement, le parlementaire auquel ils étaient rattachés…

Même enrobé dans une démonstration alambiquée, cet argumentaire a peu de chance de convaincre le tribunal, estime Me Maisonneuve : « Moi, je ne m’en tiens qu’aux questions strictement judiciaires. Or, travailler pour un parti quand on est assistant parlementaire est strictement interdit. » Marine Le Pen a encore deux jours pour trouver mieux.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/marine-le-pen/proces-du-rn-marine-le-pen-ne-contredit-pas-les-faits-seulement-leur-illegalite

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