Procès Le Scouarnec. « L’affaire ne nous concernait plus »: ces médecins n’ont rien vu, rien entendu (OF.fr-10/04/25)

Joël Le Scouarnec, à la barre de la cour criminelle du Morbihan, à Vannes. | VALENTIN PASQUIER

Ce mercredi 9 avril 2025, deux anciens collègues médecins de Joël Le Scouarnec ont témoigné à la barre de la cour criminelle du Morbihan, à Vannes. Ils disent n’avoir rien soupçonné des agressions sexuelles et viols pour lesquels l’accusé est poursuivi. Les deux hommes ont peiné à expliquer l’absence de vigilance, voire d’alerte, après la première condamnation pour détention d’images pédopornographiques.

Par Mélanie BÉCOGNÉE.

La mémoire leur fait parfois défaut. La faute aux années, sans doute. Mais, ce n’est pas ce qui interpelle le plus dans le témoignage de ces deux anciens collègues de Joël Le Scouarnec. Le mot regret ne semble pas faire partie de leur vocabulaire. Ce mercredi 9 avril 2025, l’urologue de l’ancienne clinique du Sacré-Cœur à Vannes et le chirurgien digestif qui font face à la cour criminelle du Morbihan à Vannes, s’efforcent de mettre une distance avec les faits reprochés à leur ancien collègue. Jugé pendant quatre mois pour agressions sexuelles et viols sur 299 victimes, il a exercé entre 1994 à 2004 à Vannes et entre 2005 et 2007 à Quimperlé, à leurs côtés.

Lire aussi : « Moi, j’ai des souvenirs » : au procès de Joël Le Scouarnec, le témoignage d’Hervé, violé à 9 ans

« Il passait beaucoup de temps dans son bureau »

D’un premier abord détaché, le médecin retraité vannetais est le premier à s’avancer à la barre. Lui, qui fut également président du conseil de surveillance de l’établissement, se souvient d’un collègue « discret », « pas solaire » et plutôt « passe-muraille ». « On se croisait dans les couloirs, on se disait bonjour. » En revanche, lui revient une étrange habitude de Joël Le Scouarnec. « Il passait beaucoup de temps dans son bureau sans consulter. »

Profitez-vous de vos avantages abonné(e)s ?

Places de concerts, de matchs, livres… ils vous attendent sur LaPlace J’y vais

Même la condamnation pour détention d’images pédopornographique en 2005, un an après son départ de la clinique, semble avoir été un non-événement. « Mais les faits datent de 2002, 2003, lui fait remarquer la présidente Aude Burési. À l’époque, il était au Sacré-Cœur. Ça vous concernait, ça concernait la communauté des soignants. » La réponse du retraité sonne comme un regard qu’on détourne. « On était très occupés par le travail. Il n’était plus là. » Et d’ajouter : « Mon sentiment personnel était que la justice allait faire ce qu’il y avait à faire. »

Lire aussi : Combien de victimes a agressé Joël Le Scouarnec ?

« C’est ignoble »

Les questions des avocats des parties civiles se multiplient. Insistantes, incisives parfois. La réponse est toujours la même. « C’était une affaire qui ne nous concernait plus. » Cet ancien médecin parle de « l’impensable », « l’inimaginable » et assure : « Si on avait imaginé ce qui est arrivé, il est bien évident que cela aurait eu des conséquences », estime-t-il tout en rappelant que les différents conseils de l’ordre l’ont autorisé à exercer. Lui n’a pas pu écouter jusqu’au bout les extraits des carnets lus par un gendarme en 2019. « C’est ignoble », avait-il dit alors.

Lire aussi : Procès Le Scouarnec : « Si on m’avait cru, on n’en serait peut-être pas là », livre une victime

Le second témoin cité ne manque pas d’aplomb. Voire de désinvolture dans certaines de ses réponses. Ce chirurgien digestif, qui a exercé à l’hôpital de Quimperlé, y a croisé Joël Le Scouarnec, entre 2005 et 2007. Il y a bien eu deux, trois invitations à dîner. Rien de plus, selon ce médecin qui met une extrême distance entre lui et l’accusé. Ce dernier l’a informé en personne de sa condamnation en 2005 pour détention d’images pédopornographiques. « Quand il en a parlé, il était effondré, en larmes, se souvient ce chirurgien. Il a dit que c’était un moment de faiblesse. »

Une révélation qui ne l’empêcha pas de travailler avec lui, ni même de s’étonner qu’il continue à exercer. « La direction n’a rien dit. Tout le monde continuait de travailler avec lui. À l’époque, je me concentrais sur mon travail. » Presque étonné par la persistance des questions, il ajoute : « Je n’ai rien fait. La direction était au courant. Qu’est-ce que vous vouliez que je fasse ? »

°°°

Source: https://www.ouest-france.fr/societe/justice/affaire-le-scouarnec/proces-le-scouarnec-laffaire-ne-nous-concernait-plus-ces-medecins-nont-rien-vu-rien-entendu-001574ae-152f-11f0-a9e1-03ede7a28dd6

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/proces-le-scouarnec-laffaire-ne-nous-concernait-plus-ces-medecins-nont-rien-vu-rien-entendu-of-fr-10-04-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *