
Au troisième jour du procès de l’affaire des assistants parlementaires du FN/RN, mercredi 2 octobre, Marine Le Pen, représentant l’ensemble des prévenus, a tenu à exposer sa version des faits. Avec sa condescendance habituelle, elle a voulu donner des leçons sur « la réalité de ce qu’est la politique ».
Par Florent LE DU.
Le temps passe et Marine Le Pen trépigne. Souriante, décontractée en apparence, au début de l’après-midi, la prévenue s’est tendue au fil de l’audience de mercredi, la troisième de ce procès sur l’affaire des assistants parlementaires du FN/RN. Un rappel des faits – accablants selon l’accusation – long et détaillé de la présidente du tribunal Bénédicte de Perthuis a commencé à la crisper. Puis, en découvrant que le tribunal a décidé d’ajouter plus d’un million d’euros aux « montants reprochés au Rassemblement national » celle qui est poursuivie pour détournement de fonds publics a fini par s’énerver. Quelques mots d’humeur s’échappent de sa bouche quand ses talons frappent le plancher. Un agacement renforcé par l’impatience de venir à la barre s’expliquer.
Au calendrier du procès, mercredi 2 octobre, outre ce rappel des faits, étaient prévus des propos liminaires, un pour la partie civile (le Parlement européen, représenté par son directeur général des finances Didier Klethi), un pour l’ensemble des prévenus. Et c’est Marine Le Pen qui s’en est chargée. « Elle prépare ce moment depuis très longtemps », glisse un avocat de la défense. Pourtant, la patronne de l’extrême droite n’a pas versé dans l’originalité au moment de présenter sa « version des faits » et donc sa ligne de défense.
« On a fait de la politique »
D’emblée, Marine Le Pen s’est placée en victime d’une cabale politique, s’affichant en « bête noire » du Parlement européen. « L’idée que des députés européens luttent contre la construction européenne, c’est quelque chose qui dérange. (…) J’ai vraiment le sentiment que dans ce dossier, il y a énormément d’a priori, d’idées préconçues fabriquées par la partie civile qui nous a engagé dans un tunnel comme un rongeur », s’est-elle indignée à la barre. Le fameux coup du « procès politique » va rythmer ces huit semaines de procès.
Revêtant ses habits d’avocate, non sans arrogance, la patronne de l’extrême droite française a ensuite développé le second axe de défense : l’instruction reprocherait aux assistants parlementaires poursuivis « d’avoir fait de la politique ». « L’activité politique est indissociable du mandat parlementaire, nous ne sommes pas des fonctionnaires, nous sommes des élus du peuple », a-t-elle ajouté. En donnant de prétendues leçons sur la « réalité » de la politique, que « ceux qui n’y travaillent pas connaissent mal », Marine Le Pen a clamé que les différents collaborateurs travaillaient à la fois pour leurs eurodéputés et pour le parti, des tâches selon elle indissociables et qu’elle englobe dans l’expression « faire de la politique ».
« On a fait de la politique. Nous avons un mandat, et nous sommes assistés d’assistants parlementaires, c’est comme ça. On travaille le soir, le week-end, avec le parti. Le tribunal devra décider quand Marine Le Pen est députée européen, présidente du RN ou candidate à la présidentielle. Il va falloir tronçonner, et je ne serai pas d’une grande aide. »
Or, la réglementation européenne prévoit qu’un assistant parlementaire doit travailler directement pour son député. « Il doit toujours s’agir d’assistance au député dans l’exercice de son mandat », a répété Daniel Klethi à la barre. Et plusieurs éléments du dossier constitué par l’instruction montrent qu’il n’en aurait pas été ainsi dans de nombreux cas. Marine Le Pen n’en a pas parlé, elle n’a pas davantage évoqué les écrits qui la concernent. Comme un mail du trésorier du FN/RN Wallerand de Saint-Just, qui alerté par un eurodéputé sur les risques encourus répond : « Je crois que Marine sait tout cela. » Il faudra attendre le 14 octobre pour entendre la défense de Marine Le Pen sur ce point, lors d’une audition qui promet d’être tendue.
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