Projet de budget de l’État : Lecornu contraint de différer (IO.fr-24/12/25)

Le Premier ministre Lecornu, à l’Assemblée nationale, le 23 décembre 2025. (AFP)

« Négociations » en coulisses, « opposition constructive », « accord de non-censure »… On pourrait ajouter la « conférence sociale » avec les dirigeants des confédérations syndicales… Que d’efforts pour tenter de maintenir à flots Macron, Lecornu et leur politique de misère !

Par Adrien DUQUENOY.

Le gouvernement vient de recourir, comme ce fut le cas l’an passé, à une loi spéciale pour garantir un fonctionnement minimal de l’État.

Ainsi, Lecornu, qui avait promis de faire adopter le budget avant le 31 décembre – sans quoi apparemment les pires catastrophes allaient s’abattre sur le pays – est finalement contraint de reculer. Si le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a été adopté mardi dernier pour la seule et unique raison de la trahison du PS qui a voté pour, et avec lui des Écologistes et d’une partie du PCF qui se sont abstenus, la situation de crise qui continue de se développer impose cette fois-ci à Lecornu de devoir renvoyer l’adoption du budget de l’État à plus tard… pour la plus grande inquiétude de Macron lui-même.

« Il ne faut pas entrer dans un jour sans fin. Il veut que ça aboutisse vite. Ni les acteurs économiques, ni les militaires n’ont intérêt à rester dans l’incertitude », rapporte un proche de l’Élysée pour le journal Le Figaro.

Cette fois-ci, le PS a du mal à envisager de voter pour. Déjà pour le PLFSS, il aurait préféré s’abstenir mais a dû se mouiller davantage pour sauver le gouvernement. Ceci dit il l’a fait en mentant éhontément, prétendant avoir obtenu ici ou là des avancées pour la santé de la population. S’il suffit d’écouter les syndicalistes venus à l’Assemblée nationale pour exiger un vote contre pour se faire une idée de la réalité de ces « avancées », le PS aura quand même eu besoin de mentir sur toutes les ondes pour tenter de faire passer son geste. Avec le projet de loi de finances (PLF – le budget de l’État), c’est encore plus difficile à vendre… à tel point que le PS s’énerve, et pas seulement en coulisses, contre la droite et lui demande d’arrêter de rechigner et de reprendre son rôle habituel, agacé de devoir incarner lui-même « le rôle de l’opposition constructive, aidant à débloquer la situation au fil de négociations avec le Premier ministre » (Le Monde).

De LR au PS, la demande du recours au 49. 3…

A quelques mois de nouvelles élections, pas simple d’être identifiés à ceux qui permettent à Macron de poursuivre sa politique… D’où une insistance de plus en plus appuyée pour que le gouvernement passe en force son budget sans recourir au vote des parlementaires.

Ce week-end, c’est Bruno Retailleau, président de LR, qui a demandé à Lecornu d’utiliser le 49.3. Du côté LR encore, c’est Philippe Juvin, rapporteur du budget à l’Assemblée qui en utilisant la presse s’adresse à Lecornu pour l’inviter à « se sentir libéré de sa promesse » de ne pas y avoir recours. S’ajoutent également Gérard Larcher, président du Sénat, Élisabeth Borne, macroniste et ex-Première ministre, Marc Fesneau, le président des députés Modem, ou encore François Hollande, vite rejoint par d’autres parlementaires « socialistes » et pas des moindres puisque s’y trouve notamment leur chef à l’Assemblée, Boris Vallaud. « Ça arrangerait beaucoup de monde même si c’est très hypocrite car à la fin, personne n’est responsable. Ça permet à tout le monde de se laver les mains des choix budgétaires » lâche une source de l’exécutif dans la presse. C’est effectivement cela. Mais rien n’est encore réglé pour autant. Car même antidémocratique, l’utilisation du 49.3 n’évacuerait pas totalement la possibilité d’une censure… ce qui amène à une grande prudence pour tout ce petit monde qui aimerait tout de même que l’édifice tienne. à l’image de Wauquiez qui appelle Lecornu à négocier un « accord de non-censure » ou encore Olivier Faure qui se prononce pour un « compromis préalable » avant utilisation du 49.3…

Message reçu par Lecornu qui décide d’utiliser la « trêve de Noël » pour poursuivre les discussions en coulisses. Ce qui fait dire à un éditorialiste du Figaro que « le Premier ministre va être chargé de négocier avec les forces politiques le contour d’un texte budgétaire qu’il fera adopter… de force : par ordonnances ou grâce à l’article 49.3 ».

« Négociations » en coulisses, « opposition constructive », « accord de non-censure »… mais on pourrait ajouter à tout cet attelage la « conférence sociale » avec les dirigeants des confédérations syndicales… Que d’efforts pour tenter de maintenir à flots Macron, Lecornu et leur politique de misère !

Le tout, à l’opposé de ce qu’exigent les travailleurs et la population qui ne cessent de chercher les voies du combat. En témoigne la révolte des agriculteurs… en témoignent les mobilisations et grèves qui jaillissent ici ou là… et malgré la période de l’année… en témoignent les meetings de lancement de campagne des municipales qu’organise la France insoumise réunissant chaque fois davantage de militants cherchant à dégager tous ceux qui portent la responsabilité de la situation chaotique dans laquelle nous sommes tous entraînés.

C’est cette force considérable qui existe dans le pays que craignent tous ceux qui entendent rester accrochés au système… Ils ont bien raison.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/

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