Quand la répression allemande s’abattait sur la résistance redonnaise (OF.fr-7/05/23)

Le 5 août 1944, les Américains rentrent dans la Ville par la Digue en provenance de Rennes via Guémené-Penfao.

Le nombre et la diversité des réseaux de résistance à Redon qui, en 1943, agissaient à la barbe de l’occupant sur tous les fronts, n’a pas été pérenne. Les contrôles accentués des Allemands mais aussi, et peut-être surtout, les dénonciations ont, en quelques mois de 1944, décimé ceux et celles qui s’étaient engagés.

Diversifiés et coordonnées, les réseaux de Résistance du pays de Redon s’affichaient redoutables alors que la ville vivait sous la férule de l’armée allemande depuis 1940.

Inévitablement, en réponse, une vague de répression s’est abattue entre les mois de mars et de juin 1944. Son efficacité est souvent due aux miliciens français qui collaborent avec l’ennemi.

La recrudescence des arrestations de Résistants dans ces mois qui précèdent le débarquement s’explique par l’accroissement du nombre des combattants clandestins et la multiplication de leurs actions. L’objectif des réseaux locaux est alors de retenir un maximum de soldats de la Wehrmacht sur le sol breton pour faciliter la réussite du débarquement, plus au nord, en Normandie.

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Lucien Poulard arrêté dès 1943

Le premier réseau à tomber est le groupe Alliance. À la suite de dénonciations, la Gestapo investit le PC du réseau à Paris. Présent ce jour-là, Lucien Poulard parvient à s’échapper par les toits. Mais traqué, il est arrêté quelques jours plus tard, le 20 septembre 1943. Emprisonné, déporté, il sera fusillé à Heilbronn le 21 août 1944 avec 23 autres membres du réseau Alliance. Parmi ces grands Résistants, Yves et Alain Le Bastart de Villeneuve que Lucien Poulard avait recrutés.

Feu Jean Thébault, rescapé du camp de Neuengamme et de la tragédie de Lubeck, témoigna toute sa vie, auprès les collégiens et lycéens, des atrocités de la Déportation.

Les armes passent inaperçues, pas les dénonciations

À Redon, le mareyeur Marcel Deplantay, chef du réseau Action, est arrêté par la Feldgendarmerie à la suite de l’interception d’une jeune fille, venue de Vannes lui apporter des tickets d’alimentation destinés aux maquisards que soutient le réseau. Une fouille de son domicile l’innocente : Madame Deplantay a réussi à soustraire les cachets pour faux papiers à la perquisition allemande qui n’a pas réussi, non plus, à découvrir les armes dissimulées sous le parquet du grenier. Malheureusement, l’arrestation d’un agent de liaison de l’Armée secrète et ses dénonciations vont confirmer les suspicions. Atrocement torturé, Marcel Deplantay sera déporté en Allemagne le 28 juin 1944, il ne livrera jamais aucun nom malgré les sévices qu’il subit.

Les têtes de réseau tombent une à une

Différentes arrestations liées, soit aux dénonciations, soit aux contrôles ennemis, se produisent, mettant dans l’anxiété, voire en fuite ou clandestinité, les autres membres des réseaux. Ainsi, en novembre 1943, sept juifs réfugiés à Sainte-Marie sont arrêtés et envoyés à Auschwitz.

Ainsi, Jean Burel, marchand de bois à Saint-Nicolas- de Redon, est arrêté le 25 décembre 1943, il ne parlera jamais. Déporté au camp de Buchenwald, il décédera le 11 mars 1944, à 54 ans. Le 3 avril 1944, les Allemands découvrent la boîte à lettres du réseau F2, rue Vasselot, à Rennes.

Pierre Régent, second de Gaston Sébilleau, s’y rendait ce jour-là comme chaque semaine, il est soumis à une fouille. Les Allemands ne découvrent pas le pli habilement dissimulé qu’il apporte et il revient sain et sauf de sa mission.

Une répression barbare

L’arrestation d’un agent de liaison de l’armée secrète, qui va parler, entraîne la chute du réseau Action. Angèle Deplantay et le notaire René Le Mauff sont emmenés à la prison Jacques Cartier de Rennes. Ce responsable du secteur d’Allaire décédera 20 jours plus tard, ses tortionnaires lui ont fait boire de l’acide sulfurique. L’ancien chef redonnais d’Action, le capitaine de gendarmerie Georges Martin, est arrêté à Caen et fusillé avec 85 autres détenus, en la prison de cette ville, le 6 juin, par des Allemands affolés par le débarquement.

De Paris à Redon, les Résistants décimés

L’action répressive contre les Résistants redonnais se poursuit dans la capitale. Gilbert, le Radio du réseau Var, fait désormais ses émissions à Paris, boulevard Suchet. Les Allemands le surprennent en pleine émission, avec Fernand Cadio. Dans ses documents, ils trouvent l’adresse de Charles Sillard. Le résistant redonnais qui l’avait accueilli, est arrêté le 29 juin et emprisonné à la prison Jacques Cartier de Rennes. Il part en déportation par l’avant dernier train, il mourra au camp de Neuengamme le 7 novembre suivant. Les réseaux Var et F2 de la région redonnaise sont anéantis, seuls quelques membres ont pu se cacher ou s’enfuir à temps.

Sources : témoignages de quatre membres des Anciens combattants de l’UNC ; les archives de l’association mises à disposition par le président Bernard Le Viavant ; le livre « 39-45, Redon sous l’Occupation » de Jacques Royer ; le livre « Redon à travers les siècles » de Félix Oyallon.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/redon-35600/quand-la-repression-allemande-sabattait-sur-la-resistance-redonnaise-6f60d596-e805-11ed-b09f-e2987a163536

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