
Mardi 14 novembre, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a rencontré les syndicats. Il a annoncé que 2024 serait « une année blanche ».
Par Bruno RICQUE
Autrement dit : en 2024, le gouvernement ne veut aucune augmentation de la valeur du point qui détermine les revenus pour 6 millions de salariés de la Fonction publique, ni aucune autre mesure générale. Devant cette annonce brutale, tous les syndicats (FO, CGT, CFDT, Unsa, FSU, CGC, Autonomes, Solidaires) ont claqué la porte et dénoncé dans un communiqué l’annonce de Guerini (remarquons que la demande de « hausse du point d’indice » ne figure pas dans le communiqué des syndicats).
Guerini prétend que le + 1,5 % sur les salaires, décidé au 1er juillet 2023, couvre également 2024. Les chiffres sont pourtant implacables. Les seules augmentations générales (augmentation du point indiciaire) dans la Fonction publique ont été : 1 er février 2017, + 0,6 % ; 1er juillet 2022, + 3,5 % ; 1er juillet 2023, + 1,5 %. Soit au total + 5,6 % sur 7 ans. De 2017 à 2023, les prix (selon l’Insee) ont augmenté de 17 %. Chaque fonctionnaire a perdu 11,4 % sur son salaire. Sur un salaire brut de 2 000 €, un fonctionnaire a perdu 228 €. Pour l’année 2023, il est identifié une inflation à 5,8 % (selon la Banque de France) ; en 2024, l’inflation est annoncée à 3 %. Soit 8,8 % sur 2023-2024, pendant que le point indiciaire n’augmente que de 1,5 %.
Le ministre veut un « accord de méthode »
Pour imposer sa baisse brutale des « salaires réels » dans la Fonction publique, le ministre Guerini veut obtenir que les syndicats signent un « accord de méthode », encadrant toute discussion. Pourquoi ?
Dans les documents préparatoires, Guerini écrit en toutes lettres : « L’objectif est de parvenir à un diagnostic partagé :
– des déterminants économiques et budgétaires de la rémunération (inflation, croissance, trajectoires budgétaires pluriannuelles, etc.) ;
– des moyens budgétaires mobilisables sur l’année. »
Il est donc exigé des syndicats de partager le point de vue du gouvernement sur « les trajectoires budgétaires pluriannuelles », sur les « moyens budgétaires » que le gouvernement mobilisera dans l’année. Que signifie une « trajectoire budgétaire pluriannuelle » ? Par exemple, le gouvernement définit pour 2024-2030 une loi de programmation militaire pluriannuelle de 413 milliards d’euros. Ensuite, il ne reste plus grand-chose pour les services publics et les fonctionnaires. Mais les syndicats devraient accepter de respecter ces contraintes pour formuler leurs demandes salariales.
Rien à voir avec une négociation sur les salaires où les syndicats doivent être libres de formuler leurs revendications, avec, nous semble-t-il, au minimum, la compensation de l’inflation.
Guerini affiche qu’il ne veut pas de mesure sur le point d’indice qui concerne 6 millions dans la Fonction publique (titulaires et contractuels). Il veut réellement casser ce qui fait l’unité de ces salariés par le statut. C’est une division organisée et une casse du statut.
La question centrale, n’est-ce pas l’exigence, contre tout accord de méthode, de hausse du point d’indice à hauteur de l’inflation ?
Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/11/26/que-cherche-le-ministre-guerini/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/que-cherche-le-ministre-guerini-io-fr-26-11-23/