
Elles ont été mises sous les feux des projecteurs en mars 2023 pour défendre la maternité de Carhaix, dans le Finistère. Le collectif des futures mamans, devenu collectif des femmes enceintes, a refait surface, à l’image des femmes qui s’étaient battues en 2008. Comment ont-elles vécu cette année et comment se projettent-elles pour l’année 2024 ?
Par Victoria GEFFARD
Leur souhait s’est réalisé. Elles ont toutes accouché à Carhaix. Et elles y sont pour quelque chose. Plusieurs mamans des environs ont marqué l’actualité de la commune grâce à leur engagement pour la maternité, menacée de fermeture en avril 2023. Après discussion avec son médecin généraliste, Marie-Anne Keller s’est lancée dans l’aventure.
Coup de projecteur en mars 2023
Elle crée avec d’autres femmes enceintes, une nouvelle version du collectif des femmes enceintes du Centre-Bretagne qui avait émergé en 2008. Année durant laquelle la maternité locale avait risqué la fermeture. Le passé se répète quinze ans après, à cause de la loi Rist, entrée en vigueur en avril 2023, qui régule le recours à l’intérim pour les médecins anesthésistes.
Cette menace a ravivé les inquiétudes. Alors, les femmes enceintes ont à nouveau fait bloc. Le 18 mars 2023, elles manifestent parmi les 5 000 personnes venues soutenir le service. Une mobilisation impressionnante pour la commune de 7 200 habitants.
On s’est invitées à une réunion avec la direction de l’hôpital. On avait l’impression de débarquer dans un monde que nous ne connaissions pas, fait de chiffres— Marie-Anne Keller, coordinatrice du collectif des femmes enceintes de l’hôpital de Carhai
Avec un peu de recul, c’était un peu le saut dans l’inconnu. « On avait appris le 11 mars que l’hôpital était visé par la loi Rist. Alors nous nous sommes organisées. On s’est invitées à une réunion avec la direction de l’hôpital. On avait l’impression de débarquer dans un monde que nous ne connaissions pas, fait de chiffres », raconte Marie-Anne Keller, coordinatrice du collectif. « On est arrivées avec l’humain, pour rappeler que derrière la maternité, il y avait des mamans et leurs enfants, des familles. »
L’ancienne infirmière, qui consacre sa vie désormais pour élever ses six enfants (dont cinq nés à Carhaix), a milité pour que son dernier bébé naisse à Carhaix. Et pour les autres enfants, bien sûr. Cette mission demande du temps. Elles prennent exemple sur l’ancien collectif de 2008 pour la photo symbolique devant l’hôtel Noz Vad. Le cliché est diffusé par leurs soins « dans le Centre Bretagne ». Marie-Anne Keller reprend : « On a tout fait nous-mêmes pour afficher cette photo dans les commerces, les mairies. Nous avons beaucoup de retours ensuite. Ça nous a touchées de voir que la population nous soutenait ».
« La petite victoire, c’est qu’on ait toutes accouché à Carhaix »
Plus le temps passe, la mission devient prenante. « Il a fallu apprendre à écrire un communiqué de presse, parler aux journalistes. On est rentrées dans le combat de l’hôpital, un peu malgré nous. Il fallait bien que quelqu’un se mouille », résume-t-elle. Cela n’a pas été vain : « La petite victoire, c’est qu’on ait toutes accouché à Carhaix », souligne Charlotte Rolland, aide-soignante dans le service de chirurgie à l’hôpital et maman de quatre enfants.
Quelle suite au mouvement aujourd’hui ? « Nous aimerions davantage axer l’action du collectif sur de la communication pour montrer que la maternité existe et reste ouverte. On se réunira pour voir quelle forme cela pourrait prendre ».
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/que-devient-le-collectif-des-femmes-enceintes-de-lhopital-de-carhaix-relance-en-mars-2023-of-fr-13-01-24/