« Que va-t-on donner à manger aux vaches cet été ? » se demande cet éleveur de Quimper (OF.fr-14/03/23)

Philippe Tanneau et Didier Le Page, éleveurs à Quimper (Finistère).

Quinze mois successifs de déficit de pluie : la sécheresse, chronique, s’installe en France et dans le Finistère. À Quimper (Finistère), l’herbe ne pousse pas dans les prairies de Philippe Tanneau. Le maïs n’a pas bien donné. Il se questionne : « Que va-t-on donner à manger aux vaches, cet été ? »

« Que va-t-on donner à manger aux vaches cet été ? Je ne le sais pas. » Philippe Tanneau parcourt du regard ses vastes prairies, situées à Kerourien, au sud de Quimper (Finistère). L’herbe n’y est pas bien haute en ce mois de mars 2023, malgré le retour des pluies, ces derniers jours.

« Si l’herbe de votre jardin pousse, elle pousse aussi pour les vaches. » C’est la comparaison qu’il aime à utiliser en direction des urbains éloignés des contraintes de son métier, celui d’éleveur de vaches laitières. « Il faudrait tout un printemps pluvieux pour rattraper les effets de la sécheresse, commente celui qui a repris la ferme familiale, en 1996. On va regarder le ciel… »

Le plein air jour et nuit ? Pas possible

En cet hiver, la nature n’offre pas suffisamment de nourriture : « Aujourd’hui, les vaches passent six heures dehors au lieu des vingt heures habituelles, relève-t-il. D’habitude, autour du 15 mars, je sors tous les animaux de plus de six mois, jour et nuit. Cela ne va pas être possible cette année. »

Moins de maïs

Pendant toute l’année 2022, il a dû donner un complément de maïs à ses bêtes, du jamais-vu. Une production dont le rendement a aussi chuté au cours de cette même année : une perte de 5 tonnes de matière sèche à l’hectare, soit « entre 120 et 150 tonnes en moins pour 2023. J’ai du maïs jusqu’à début juillet mais après ? Comment va-t-on tenir jusqu’à la récolte en septembre ? »

« Comment va-t-on gérer l’eau ? »

Acheter des aliments ? Philippe Tanneau secoue la tête : « Les vaches, ce sont des herbivores… Et puis acheter, cela représente un coût énorme. Je fais de l’herbe et du lait : une ferme traditionnelle bretonne, quoi ! », poursuit celui qui dit préférer avoir dix vaches de plus pour récolter la même quantité de lait.

Comment se prépare-t-il aux prochaines années, alors que le changement climatique se vit déjà à la pointe bretonne ? « Il va falloir cultiver, sans doute, d’autres cultures, moins gourmandes en eau. On parle beaucoup du sorgho… »

Son voisin, Didier Le Page, éleveur de vaches laitières et allaitantes, connu pour accueillir chez lui au Quinquis, chaque année, la Fête de l’eau, se joint à la conversation : « Comment on va gérer l’eau demain ? Nous tous ? L’eau des piscines, l’eau qui part à cause des fuites dans les canalisations, l’eau qu’on utilise au quotidien pour se laver, cuisiner ? »

Et d’évoquer, plus largement, toutes les inconnues avec lesquelles, eux qui travaillent avec du vivant, doivent composer : le rendement, toujours incertain, d’une nouvelle culture, le thermomètre bloqué plusieurs jours d’affilée à 40 °C l’été qui « cuit tout », la variation quotidienne des prix…

Nelly CLOAREC

source: https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/que-va-t-on-donner-a-manger-aux-vaches-cet-ete-se-demande-cet-eleveur-de-quimper-697e58e6-c0e7-11ed-91c1-24bf6e5edc0a

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