Qui sont les nouveaux travailleurs de la mer ? (OF.fr-27/02/25)

Si au début des années 80, les ateliers de préparation du poisson ne comptaient presque exclusivement que des femmes, aujourd’hui les hommes sont aussi nombreux que les femmes. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

Il y a quarante ans, les femmes étaient très nombreuses dans les entreprises de mareyage du port de Lorient (Morbihan) comme on peut le constater dans le documentaire « Les travailleuses de la mer » projeté ce vendredi 28 février 2025, à Lorient (Morbihan). Qu’en est-il aujourd’hui ?

Par Olivier CLERO

Cent ans après la grève des sardinières de Douarnenez (Finistère), les Penn sardin et leur révolte sont régulièrement évoquées pour parler des conditions de travail et de la pénibilité dans l’industrie agroalimentaire.

À Lorient (Morbihan), le député écologiste Damien Girard a notamment repris ce symbole comme illustration de sa carte de vœux 2025, s’émouvant qu’on parle beaucoup des pêcheurs « mais peu de ces fileteuses ou professions qui transforment à terre le poisson. »

La rediffusion, ce vendredi 28 février 2025 au Manège de Lorient, du documentaire Les travailleuses de la mer permettra cette fois de s’intéresser au quotidien des femmes qui travaillaient le poisson, au début des années 80, à Lorient, à travers le regard de feu la réalisatrice et militante féministe Carole Roussopoulos.

Plus de mixité aujourd’hui

Quarante ans après sa première diffusion, sur la soixantaine d’entreprises de mareyage qui les employaient, on n’en compte plus qu’une douzaine, et les femmes n’y sont plus aussi nombreuses. Elles étaient plus de 800 à travailler dans des ateliers où il n’y avait presque pas d’hommes.

En 2025, leur nombre à fondu comme les tonnages de poissons débarqués, et suivant les postes, il y a à peu près autant de femmes que d’hommes à travailler.

Si les conditions de travail se sont nettement améliorées depuis les années 80, le poisson se travaille toujours aussi tôt dans la journée et dans un environnement toujours aussi froid et humide. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

Côté condition de travail, ça a aussi beaucoup changé. « Le produit à travailler est toujours le même, mais la façon de le faire n’a plus rien à voir, que ce soit l es conditions de travail, le temps d’activité, l’environnement, la charge, etc. », rassure Eric Guivarch, directeur de la société de mareyage Jaffray qui travaille à réduire la pénibilité de ces professions notamment à travers des équipements spécifiques pour fileter, peler, glacer et conditionner. « Aujourd’hui, ils permettent d’avoir de moins en moins de manipulations et des conditionnements beaucoup plus légers. Avant, un bac standard, ça faisait 50 kg avec la glace, aujourd’hui, ça va de 10 à 25 kg et celles et ceux qui travaillent le poisson ne sont plus en rapport avec la manipulation des charges. Ils travaillent sur leurs tables. »

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Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est que le poisson se travaille toujours aussi tôt dans la journée et dans des conditions toujours aussi froides et humides, bref peu attrayantes pour attirer de nouveaux candidats.

À Lorient, la formation mareyage ouverte au CFA a des difficultés pour faire le plein et France Travail peine à trouver des candidats. « C’est très compliqué de recruter aujourd’hui, mais ce n’est pas propre au mareyage. Ça concerne tous les métiers de l’agroalimentaire en général. C’est compliqué de trouver du personnel, c’est compliqué de le former et c’est compliqué de le garder », confirme Jean Besnard à Moulin Marée.

Des difficultés de recrutement

Pour faire tourner leurs lignes, ils doivent faire appel à des agences d’intérim dont certaines se sont spécialisées dans l’agroalimentaire comme Capa Intérim particulièrement bien implantée dans la communauté roumaine. « C’est compliqué pour nous aussi, mais nous arrivons à former des employés sur les sites. Après, c’est le bouche-à-oreille. Ceux qui travaillent déjà sur place peuvent inciter d’autres personnes de leur entourage à venir », explique Catalin Radu, responsable de l’agence de Josselin qui souligne qu’il ne s’agit pas de travailleurs détachés mais bien d’intérimaires avec des contrats de travail français.

Si le savoir-faire des travailleuses et travailleurs de la mer de Lorient est aujourd’hui mieux reconnu, l’enjeu est de le conserver en le transmettant. « Hommes ou femmes, nous avons surtout plus de salariés proches de la retraite qu’en début de carrière… », résume un mareyeur.

La projection aura lieu au Manège, situé rue Colbert à Lorient, à 20 h. L’accès est proposé au tarif de 4 €. Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir ce témoignage essentiel sur les luttes féministes et sociales à Lorient.

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Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/qui-sont-les-nouveaux-travailleurs-de-la-mer-64aca59c-f395-11ef-a658-d59bc62913c1

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/qui-sont-les-nouveaux-travailleurs-de-la-mer-of-fr-27-02-25/

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