
Macron sort affaibli de ces élections législatives. Il lui manque 44 députés pour atteindre la majorité absolue indispensable pour avoir les mains libres et ainsi faire passer ses projets à l’Assemblée. De 350 députés en 2017 à 245 en 2022, voilà le signe d’une vraie débâcle électorale nourrie par un profond rejet contre sa politique. Tout monarque « jupitérien » qu’il est, Macron est contraint d’essayer de débaucher d’autres députés en appelant à un gouvernement « d’union nationale » (rebaptisé « gouvernement d’action » pour moins effrayer). A défaut de soutiens du côté de LR ou de tous ces « divers gauche » anti-mélenchonistes, ce sera la paralysie et Macron sera contraint à la dissolution au bout d’un an (délai légal).
Jean-Luc Mélenchon et la FI, au sortir des élections présidentielles de 2022, n’a pas commis la même erreur qu’en 2017 où il avait joué « solo », erreur qui s’est traduite dans les urnes où seuls 17 députés LFI avaient été élus; dans ces dernières élections législatives, il a tendu la main aux autres partis de gauche (obligeant notamment à une clarification de ligne au sein du PS) pour mettre en place la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale). Cette alliance inédite, au contenu anti-libéral avec plus de 600 mesures partagées, a permis de maintenir l’élan de la campagne présidentielle de Mélenchon et de rendre visible un « bloc populaire » de gauche. Cela a permis de ne pas laisser à Marine Le Pen et au RN le monopole de l’opposition à Macron, ce qui était le risque majeur et mortifère au sortir du « duel » Macron/ Le Pen du 2ème tour de la Présidentielle. En se présentant intelligemment comme candidat à Matignon, Mélenchon transformait le premier tour des élections législatives en un troisième tour de l’élection présidentielle, comme la possibilité pour le peuple de prendre sa revanche sur le résultat des élections présidentielles.
Certes la NUPES n’a pas réussi à obtenir la majorité et à mettre ainsi Mélenchon en position d’être 1er Ministre, mais on ne peut parler d’échec au vu de la situation d’où nous partons. Avec 150 députés, la NUPES est en fait le premier bloc d’opposition.
Malheureusement, le RN a réussi à surfer sur une vague dégagiste anti-Macron ce qui lui a permis d’obtenir 89 députés, une large part de la droite et de la macronie ayant refusé de voter contre le RN quand ils étaient éliminés du 1er tour, mettant la NUPES (et particulièrement la FI, qualifiée « d’extrême-gauche »), au même niveau politique que le Rassemblement national, voire indiquant clairement préférer le RN, rappelant ainsi le « Plutôt Hitler que le Front populaire » des années 1930. Cependant, sans la création de la NUPES, ce ne sont pas 89 députés qu’aurait fait élire le RN, mais plus de 150, tant le rejet anti-Macron est palpable dans la société.
Le Rassemblement National va tenter de s’afficher comme la seconde force politique du pays pour détruire le front de résistance anti libéral, anti fasciste, anti raciste, écologique et eurocritique qui est en construction. Mais la NUPES, et notamment la FI, sont dans une dynamique de construction. Les résultats aux législatives n’ont atteint que les fourchettes les plus basses annoncées par les instituts de sondage mais la France Insoumise passe d’un nombre d’élus de 17 à 75. C’est une victoire. Comme les 150 députés NUPES.
Il existe un sentiment anti-Macron dans notre pays et cela s’est traduit par les résultats électoraux que nous avons connus. Après la lutte dans les urnes, il faut désormais construire le front dans la rue, dans les entreprises, dans les quartiers, avec l’ensemble des organisations politiques, syndicales, associatives qui s’inscrivent dans le refus de la continuité du rouleau compresseur anti-libéral qui assomme les travailleurs depuis trop longtemps. Transformons cet essai électoral en un instrument de lutte ! Plus une loi anti-sociale ne doit passer !
Par nos luttes revendicatives, élargissons la brèche, transformons l’essai, imposons nos exigences populaires.