Réforme des retraites. À Châteaubriant, « une mobilisation réussie au-delà des espérances » (OF.fr-19/01/23)

Réforme des retraites. À Châteaubriant, « une mobilisation réussie au-delà des espérances »

Avec un peu plus de 2 000 manifestants au plus fort du rassemblement, les salariés de Châteaubriant (Loire-Atlantique) ont répondu présents pour cette première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 19 janvier.

Ces derniers jours de préparatifs, s’il y a eu quelques cafouillages sur l’annonce du lieu de rassemblement, et son horaire, qui pouvaient diverger selon les organisations syndicales, cela ne s’est pas ressenti le jour J. Bien au contraire.

Dès 10 h ce jeudi 19 janvier, au matin, le parvis de la mairie de Châteaubriant s’est rempli d’une foule qui a répondu à l’appel lancé par l’ensemble des syndicats opposés au projet de réforme des retraites porté par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Une journée d’action sociale placée sous le sceau de l’union syndicale, ce qui n’était plus arrivé depuis douze ans dans la capitale du pays de La Mée (2010). « C’est assez exceptionnel », exulte Bernard Gaudin, syndiqué à la CFDT. La mobilisation a d’abord rassemblé près de 800 personnes au moment des prises de paroles successives des représentants syndicaux.

Se préparer à une lutte de longue durée

La confédération paysanne a ouvert le bal. La FSU, Solidaires, FO, la CFDT ou encore la CGT ont enchaîné. Tous sur le même ton, ou presque, en fustigeant une augmentation de l’âge de départ en retraite, et en rappelant les données financières, qui selon eux rendent cette réforme « injuste et injustifiée », rajoute Franck Allain, ancien secrétaire général de l’union locale FO. « Ça fait longtemps qu’on essaie de nous rallonger l’âge de départ en retraite. C’est récurrent alors que ce n’est pas du tout justifié. Il y a de l’argent à aller chercher ailleurs et les caisses retraites sont bénéficiaires. »

Salariés du privé et du public ont marché ensemble sur les boulevards castelbriantais pour s’opposer à la réforme des retraites.

Sur le perron de l’hôtel de ville, face au micro, les orateurs ont également appuyé sur l’effort et les sacrifices qu’il va peut-être falloir fournir pour faire reculer le gouvernement. Alain de Vielleville, de Solidaires Finances, s’est chargé de rappeler les raisons de la colère et de la motivation à afficher peut-être pendant plusieurs semaines. « C’est évident que ce n’est pas avec une seule journée de grève qu’on fera infléchir le gouvernement. On doit montrer à tout le monde qu’on est rassemblé et mobilisé. 66 % des Français sont contre cette réforme, mais ils ne peuvent pas tous faire trois semaines de grève. Avec des actions le samedi ou en soirée, on doit leur donner la possibilité de nous rejoindre. »

Avec l’âge, des fonctions impossible à assumer

Après s’être élancés, on pouvait compter 2 000 manifestants au pied du château. Le cortège serpentait sur sa longueur, de la promenade du Duc d’Aumale jusqu’à la gare. Du rarement vu selon les habitués de ce parcours, qui a respecté l’étape habituelle devant la sous-préfecture, le temps de déposer une motion.

À la sortie Laurence Gallisson, aide-soignante au centre hospitalier de Châteaubriant-Nozay-Pouancé et déléguée CFDT, argumente : « Une aide soignante à 64 ans, elle ne sera plus dans le service. C’est inimaginable, puisque déjà à 62 on n’y arrive pas. Les agents ont des problèmes de santé, de troubles musculo squelettiques, sont en arrêt à cause de la surcharge de travail. Le gouvernement le sait bien et pourtant il veut nous pousser à 64 ans. Ça veut bien dire qu’il ne nous écoute pas. »

Sur le parvis de la mairie, les manifestants étaient environ 800, avant d’atteindre les 2 000 personnes lors de la marche.

Une réflexion partagée par les plus jeunes. Faute de cours, quelques lycéens s’étaient glissés dans le cortège, préoccupés par l’avenir, à moyen terme, de leurs parents. « Moi aussi ma mère est infirmière en Ehpad, mais comme elle le dit, à ce rythme elle sera plus vieille que certains résidents dont elle s’occupe », raconte Cléo, 18 ans.

Des élèves qui ont pu croiser leurs professeurs, puisque du primaire au lycée, les enseignants constituaient une bonne partie du contingent des salariés du public. « On a beaucoup de collègues qui à 60 ans sont exténués et ne s’imaginent pas faire deux ans supplémentaires. D’autant plus qu’il n’est plus possible dans la fonction publique de cesser progressivement son activité. Ils devront rester à temps plein même s’ils souffrent », résume Yohann Rousseau de FSU 44.

Parmi les manifestants, on a pu noter la présence massive d’enseignants dans le cortège à Châteaubriant

Avec en fond sonore la musique de la « fanfare invisible », venue animer le défilé, la marche a continué vers la zone commerciale, avant un retour à la mairie. Une heure et demie de manifestation et « une mobilisation réussie au-delà des espérances » selon les syndicats. Comme un grand tour de chauffe avant les jours à venir.

Le cortège de manifestants était escorté par des tracteurs de la confédération paysanne.

Stéphane PERRIER et Pauline ROUSSEL.

source: https://www.ouest-france.fr/economie/retraites/reforme-des-retraites-a-chateaubriant-une-mobilisation-reussie-au-dela-des-esperances-4432cb88-9803-11ed-b3d5-273349710fc9

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