Ce jeudi 23 mars 2023, la neuvième manifestation contre la réforme des retraites à Vannes (Morbihan) a rassemblé plus de 5 000 personnes. Parmi elles, des manifestantes qui étaient là pour la première fois.
« Son discours d’hier, c’est la goutte d’eau. » Stéphanie avance, déterminée, au cœur de la manifestation vannetaise (Morbihan), ce jeudi 23 mars 2023. Cette trentenaire préfère rester discrète. Elle dit être salariée « dans le pneu ». Cette neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites est la première pour elle.
« Ce n’est pas mon Président »
Une décision prise juste après l’intervention du chef de l’État. « Comme beaucoup d’autres personnes, ça m’a mise en colère. Ce n’est pas mon Président, explique-t-elle tout en marchant vers le giratoire Pompidou. La retraite, forcément, j’y pense, mais c’est flou. Et puis, ça a encore le temps de changer. Mais on a le droit de dire que l’on n’est pas d’accord. Ce n’est pas tant le contenu que la façon de faire qui est inadmissible. » Elle assure qu’elle « manifestera encore si elle peut le faire ».
« On ne vit plus, on survit »
Trois heures plus tard, la mobilisation a pris une autre tournure dans la cité des Vénètes. Gaz lacrymogènes, barrages forcés, jets de projectiles… Le bras de fer s’est conclu par une ruée des manifestants sur la quatre voies.
Parmi eux, les Avéennes Estelle, Nolwenn et Aurélie. C’est une grande première pour deux d’entre elles. « C’est le pouvoir d’achat qui nous a empêchés de manifester avant. On n’a pas les moyens de perdre de l’argent. On demande que ça un nouveau Mai-68, mais on fait comment pour vivre ? », demande Aurélie.
Ses amies acquiescent. Pas mieux loties. « On bosse et on n’arrive pas à finir le mois. On est obligé d’annuler les vacances et on nous demande de bosser encore deux ans de plus. On ne vit plus, on survit. »
Déjà cassé par le travail
Elles se disent indignées. Aurélie est la plus remontée. Elle évoque son quotidien et celui de son mari, déjà cassé par le travail. « Il bosse dans les travaux et il ne pourra jamais arriver à 64 ans. Il a 48 ans et il a déjà les genoux et le dos en vrac. Il doit se plier, porter des charges… Il va finir dans un fauteuil à la retraite ! »
Pour sa première fois dans un cortège, le trio ne s’attendait pas à ce que la manifestation prenne cette tournure. « Heureusement, nous étions un peu loin, mais nous avons quand même pris des gaz lacrymo », s’étonnent-elles. La tension des dernières heures ne les a pas refroidies pour autant. « C’est dommage d’en arriver à une telle violence pour se faire entendre. On vient avec des intentions pacifistes, mais nous ne sommes pas pris en considération. S’il faut casser pour être entendus, tant pis. »
Mélanie BÉCOGNÉE
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