
À peine sorti de garde à vue, Manuel Caramante a répondu présent au rassemblement contre la réforme des retraites ce vendredi 14 avril 2023, devant la préfecture du Morbihan, à Vannes. Il revient sur son interpellation et les vingt-quatre heures qui ont suivi.
« On était hier soir devant le commissariat ! Tu nous as entendus ? » Manuel Caramante acquiesce et remercie chaleureusement le militant. Le secrétaire général de l’union locale de la CGT de Vannes (Morbihan) est sorti quelques heures plus tôt de sa garde à vue. « Fatigué, mais déterminé », il est arrivé parmi les premiers au rassemblement organisé ce vendredi 14 avril 2023, à 17 h, devant la préfecture pour attendre la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Depuis, il enchaîne les poignées de mains et embrassades. « Bravo et merci, lui lance une femme. Ce n’est pas à toi de prendre tous les risques. »
« Une première dans le Morbihan »
Le bonhomme est ému. Lui aussi se met à remercier les personnes de leur soutien. « J’ai eu au moins une centaine d’appels et de messages. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Les policiers ont dû l’éteindre. » Il raconte aussi ses dernières vingt-quatre heures. Celles qui ont suivi son interpellation devant le commissariat de Vannes, à la fin de la douzième journée de manifestation. « Une première dans le Morbihan », selon le secrétaire général de la CGT du Morbihan Stéphane Le Roux. Il assure le « soutien plein et entier de l’organisation » à celui qui devra répondre de tentative de dégradation de bien public et participation à un attroupement sans arme après sommations de se disperser devant le tribunal le 16 novembre.
« Ça a mis le feu aux poudres »
Pour Manuel Caramante, il faut remonter à la fin de la manifestation, la veille, sur l’esplanade Simone-Veil, pour mieux comprendre ce qui s’est joué. « Nous avons fait une manifestation pacifiée et exemplaire. Le but avait été atteint avec les banderoles déployées sur les remparts et puis j’ai entendu des gens crier. » Deux jeunes sont interpellés par la police. « Ça a mis les gens en colère. Ça a mis le feu aux poudres. »
Il est de ceux qui ont pris le chemin du commissariat. « On était une vingtaine. Ce n’était pas pour en découdre. C’était juste pour se mettre devant et scander Libérez nos camarades. Juste après les sommations, il y a eu des lacrimos. J’ai couru comme tout le monde et j’ai rapidement été arrêté par trois policiers. Ils m’ont écrasé au sol et quand j’ai dit que j’avais du mal à respirer, ils se sont écartés. »
Placé en garde à vue, le syndicaliste a dû prendre son mal en patience. « Ils m’ont d’abord dit que je sortirai le soir même. Le lendemain matin, que je sortirai en fin de matinée. Et puis, la femme qui avait également été interpellée est sortie. » Il est le dernier des quatre à avoir été libéré, vers 13 h 30. À peine étonné. « Je m’en doutais. On m’avait dit de faire gaffe. Que j’étais dans le collimateur. »
« On n’est pas des casseurs »
Sur les faits reprochés ? Il y a plusieurs sommations qu’il dit ne pas avoir entendues. Et ce coup porté sur une voiture de police. « Le drapeau a glissé sur leur capot. Des policiers l’ont alors arraché. Ça m’a soûlé sur le moment et j’ai donné un coup. C’était un coup de nerf, mais je n’avais pas l’intention d’abîmer quoi que ce soit, détaille Manuel Caramante. J’ai vu la vidéo et le véhicule n’est pas abîmé. »
Confiant, le syndicaliste compte sur les vidéos pour prouver sa bonne foi. « Les images montreront qu’on n’était pas violents devant le commissariat. Et puis, j’ai rappelé en audition qu’on n’a jamais dégradé un bâtiment public. Ce ne sont pas mes valeurs. On n’est pas des casseurs à Vannes », assure celui qui reconnaît une certaine fatigue au terme de ces vingt-cinq heures de garde à vue. « J’ai mal dormi, mais je n’ai pas été maltraité. » Lui qui est toujours en première ligne lors de manifestations vannetaises concède qu’il s’est mis « en retrait » ce vendredi soir. « J’ai envie de rentrer dormir chez moi », conclut-il dans un sourire.
Mélanie BÉCOGNÉE.
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