
La grève des éboueurs perdure à Nantes : ce mardi 14 mars 2023 et depuis une semaine, les poubelles s’amoncellent sur les trottoirs. La ville gère au cas par cas, en fonction des enjeux de salubrité et de sécurité. Les agents poursuivent leur mouvement jusqu’à mercredi, au moins. Ils ne voteront la reprise des collectes qu’à partir de jeudi, après négociation avec la collectivité.
Blocage total. Pas un seul camion benne n’a quitté les centres techniques de collecte des déchets de Nantes depuis samedi. Aux dépôts de la Janvraie à l’ouest, de la rue de l’Etier à l’est et de Grande-Bretagne au nord, les éboueurs en lutte contre la réforme des retraites tiennent leur promesse : ils ne lâchent rien
. Leur détermination s’affiche sur les piquets de grève. Elle se mesure aussi dans les rues de la ville, où les poubelles s’amoncellent et les déchets se dispersent au gré des rafales de vent.
La majorité nantaise accusée de ne pas être « à la hauteur de l’enjeu »
Pour tenter d’endiguer le flot de détritus, Nantes métropole recommande aux usagers de ne pas sortir leurs déchets et de rentrer leurs bacs à l’abri des intempéries en attendant la reprise de la collecte qui n’interviendra, au plus vite, qu’en fin de semaine. Un pis-aller loin de convenir à tout le monde. Dans les copropriétés notamment.
Dans les résidences récentes, qui disposent de locaux spécifiques dimensionnés et équipés, on peut tenir plusieurs jours mais dans les immeubles plus anciens, dans le centre-ville notamment, où les poubelles peuvent être conservées dans les arrière-cours, ça va vite être compliqué à gérer, prédit François Gomelet, chez Thierry Immobilier. On va simplement déplacer les problèmes de salubrité de la voie publique vers l’intérieur des bâtiments.
La situation est délicate
, admet Mahel Coppey, vice-présidente de Nantes métropole en charge des déchets. L’élue écologiste se dit très attentive
aux difficultés des habitants et mobilisée en fonction des enjeux d’hygiène et de sécurité
. De manière circonstanciée et ciblée, nous pouvons activer des opérateurs privés.
Ce fut le cas samedi dernier pour débarrasser la place de la Petite Hollande de ses 5 tonnes de déchets (Ndlr : pour une facture de 630 €). C’était jour de marché et le lieu d’arrivée de la manifestation.
La question du verre, qui s’accumule aux abords des conteneurs qui débordent, pourrait également être traitée par un prestataire privé. D’autant que se profile déjà un nouveau cortège intersyndical, ce mercredi 15 mars 2023.
Le gouvernement prié de changer de cap
Pour des élus de l’opposition, la Ville n’est pas à la hauteur de l’enjeu
. Les poubelles des Nantais débordent et la maire regarde ailleurs
, cingle le groupe Mieux vivre à Nantes en exhortant la collectivité à travailler sur l’instauration d’un service minimum, si besoin en ayant recours aux dispositifs de réquisitions tels qu’ils sont prévus par la loi.
Mahel Coppey s’y refuse. Le service minimum, c’est interdit sur le plan juridique et les réquisitions relèvent d’une initiative et d’une compétence légale de l’État. En France, chacun est libre d’exercer son droit de grève. Il y a deux ans, tout le monde sortait sur son balcon pour applaudir les travailleurs essentiels. Les éboueurs en faisaient partie. Aujourd’hui, on veut leur imposer de travailler davantage sans tenir compte du coût du travail sur leur santé. Partir à 64 ans dans ces métiers, c’est injuste et impossible. La meilleure option, c’est que le gouvernement écoute les Français et retire sa réforme.
🔽La reprise des collectes sera négociée
Ils débrayent depuis une semaine et tiennent le blocus des trois centres techniques de collecte des déchets depuis samedi. Les éboueurs de Nantes métropole, massivement en grève contre la réforme des retraites, poursuivent leur mobilisation jusqu’à mercredi, au moins. La reprise de leurs tournées ne devrait intervenir que vendredi 17 mars, au plus tôt, et elle ne se fera pas sans négociation avec la collectivité avec qui ils disent « ne pas être en conflit
. Les agents veulent évoquer leurs conditions de travail et réclament surtout l’ouverture des débats sur la pénibilité de leurs métiers. On ne reprendra pas à n’importe quel prix
, annoncent-ils.
🔽 Les syndics et les bailleurs dans le flou
Manque de visibilité. L’inquiétude gagne les syndics. Ils espèrent que la grève des éboueurs ne se prolonge pas outre mesure. Quand c’est le cas et que le stockage des déchets devient impossible, nous pouvons occasionnellement faire appel à la société en charge de l’entretien de la copropriété pour procéder au retrait des ordures ménagères et les déposer en déchetterie. La copropriété est alors facturée en fonction du poids
, explique Cécile Barré, gestionnaire de copropriétés chez Bras immobilier à Nantes. Le hic, c’est que ces sociétés spécialisées dans la répurgation sont déjà très sollicitées. De son côté, le bailleur Nantes métropole habitat diffuse des messages dans ses agences de proximité et ses immeubles invitant les locataires à tenter de limiter leurs déchets, à bien déposer leurs sacs dans les conteneurs et à différer la dépose de leurs encombrants dans les locaux « Ici tri » dédiés au recyclage.
Rémi CERTAIN (Presse Océan)
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