Entre 6 000 et 8 000 personnes se sont réunis à Brest (Finistère) pour la cinquième journée de grève nationale contre la réforme des retraites, ce jeudi 16 janvier. Dans le cortège, de nombreux jeunes, et même des enfants venus défiler en famille.
« Ça fait partie de leur éducation de participer à la manifestation. » Gregory, chaudronnier, a l’habitude des mobilisations. La réforme des retraites l’inquiète particulièrement. Pour la manifestation de ce jeudi 16 février 2023, à Brest (Finistère), il est accompagné de ses enfants de 8 et 4 ans, Chloé et Noé. C’est la deuxième fois : « Comme c’est les vacances, j’en profite. J’essaye de leur montrer qu’il faut se mobiliser pour ses valeurs. C’est un droit à défendre. »
« À 7 ans, on est en âge de comprendre »
Avec le temps pluvieux, Alice et Anaël, des jumeaux de 7 ans, traînent un peu des pieds : « Je n’ai pas vraiment envie d’être là, mais je comprends que c’est important », admet Alice. Leur mère, Anne, professeure de physique-chimie, en est convaincue : « À sept ans, on est en âge de comprendre qu’on à le droit de contester quand on n’est pas d’accord. Il faut aussi apprendre à être solidaire. »
Un moment d’apprentissage réciproque
Solal et Lounès, 9 et 11 ans, sont plus habitués des manifestations. Ils y accompagnent souvent leurs parents, en compagnie d’autres familles de l’école Diwan du Relecq-Kerhuon où ils sont scolarisés. Lounès se sent personnellement concerné par la réforme : « Je n’ai pas envie de finir avec une retraite à 70 ans, c’est trop long. »
Même si c’est plus agréable quand il fait beau, la manifestation peut aussi être un moment d’échange édifiant : « C’est bien, on peut parler, avec les amis, avec la famille. J’aime bien comprendre, quoi. » Son père, Mathieu, confirme : « C’est très instructif, pour eux, mais pour nous aussi. On discute. Parfois, un jeu de mots sur une pancarte les interroge. Ça nous oblige à chercher, et à bien comprendre, pour pouvoir expliquer sans caricaturer. » Et surtout, comme les autres parents, lui et sa compagne souhaitent transmettre des valeurs à leurs enfants : « On essaye de leur partager la manière dont on voit la société. Ça les concerne directement. »
Transmettre une culture militante
Certains enfants sont même des militants chevronnés. Nolan, 9 ans, arbore fièrement son gilet jaune, le même que ses parents. Il avait déjà l’habitude de les accompagner sur le rond-point de Pen-Ar-C’hleuz pendant le mouvement de contestation populaire en 2018 et 2019. Avec ardeur, il affirme lutter « pour un monde meilleur ».
Un mode d’éducation en situation qui semble porter ses fruits pour Mathias et ses camarades, en seconde à Kerichen. Pour eux, le droit et le devoir de manifester semblent naturels : « Comme on a grandi dans des familles politisées, on a hérité de cette culture militante. » Même s’il n’y a pas autant de manifestants dans la rue aujourd’hui que lors des précédentes journées de grève, Mathias ne compte pas baisser les bras : « Surtout, il faut continuer. Pour l’instant, le nombre de personnes est plutôt régulier, alors je suis optimiste pour les prochaines mobilisations. »
Source : Réforme des retraites : les Brestois se mobilisent aussi en famille (ouest-france.fr)