Les opposants au projet de réforme des retraites continuent de se mobiliser, à Nantes (Loire-Atlantique). Et, à défaut de grèves généralisées, douloureuses pour le portefeuille, misent sur la force de frappe des blocages.
Des centres techniques de collecte de déchets bloqués, des opérations escargot sur le périphérique, des barrages filtrants aux abords de l’aéroport Nantes Atlantique… Depuis quelques jours, à défaut de grève générale « qui ne se décrète pas », comme a pu le dire Pascal Priou, de l’Unsa, les actions pour dénoncer la réforme des retraites se multiplient. Au point que même l’intersyndicale a du mal à en tenir la liste à jour. Une stratégie de blocages, comme en 2019, contre le précédent projet de réforme des retraites.
Ce mercredi, tôt le matin, plusieurs rendez-vous sont déjà prévus, avant la manifestation. Jeudi aussi. « Ça va monter en puissance, assure Fabrice David, secrétaire générale de l’union départementale CGT. Avec des opérations de blocage à dimension interprofessionnelle. » L’idée : bloquer des secteurs qui ne le sont pas encore. « Aller convaincre ceux qui sont contre la réforme mais sont encore spectateurs. Des militants dans des boîtes vont voir d’autres boîtes. Certaines professions, qui peuvent se sentir un peu seules, le sont, du coup, un peu moins. Et ça redynamise les salariés. »
« Organiser des points de blocage, des assemblées générales, des piquets de grève, ça entretient le mouvement social de façon continue », dit aussi Bernard Valin, co secrétaire départemental de la FSU. Sans avoir besoin, sur chaque opération, d’être très nombreux pour que l’objectif soit atteint. Des exemples ? En zone industrielle de Carquefou, mardi et mercredi dernier, une cinquantaine de personnes ont suffi pour perturber la sortie des camions sur la zone. Ce mardi, une quinzaine de personnes ont ralenti la circulation en distribuant des tracts au rond-point Saupin, quartier Malakoff. En début de semaine, il n’y a pas eu besoin de plus d’une petite centaine de militants pour l’opération escargot du périph. Des actions, plus ou moins importantes, qui rendent le mouvement très visible. Avec, jusqu’à aujourd’hui, un soutien populaire.
« Bloquer l’économie est atteignable »
Se rassembler. C’est l’autre axe visible de la mobilisation. Comme si l’unité syndicale se déclinait sur le terrain. Lors des barrages filtrants à l’aéroport, des postiers, des cheminots, des territoriaux, des enseignants… participaient à l’action. « Il est important qu’on se mélange », estime Raynald Guibert, agent des espaces verts à la Ville de Nantes et représentant syndical CGT. Il y a quelques jours, il était aux côtés des éboueurs. Et se déplace sur différents secteurs.
Nouveau, des assemblées générales interprofessionnelles réunissent salariés et étudiants. Seuls quelques syndicats de travailleurs et métiers y sont représentés, mais on sent une volonté de fédérer. Deux ont déjà eu lieu sur le campus. Une autre aura lieu, ce mercredi, après la manifestation, à la gare, cette fois. « Ça fait notre force, estime un étudiant. On est une masse mobile qui peut se répartir partout. Il faut garder ce lien, l’enrichir avec de nouveaux secteurs. » Cette coordination, récente, participe à la multiplication des actions de blocage.
Quels que soient les syndicats, tous pensent que la situation va se durcir. Transports, plate-forme logistique… devraient être touchés à leur tour par des opérations coups de poing. « Bloquer l’économie est plus atteignable que la grève générale », considère Bernard Valin.Les syndicats comptent à présent là-dessus, en plus des manifestations, pour se faire entendre. « Le seul moyen de faire plier le gouvernement, pense le secrétaire départemental de la CGT, c’est quand le Medef décrochera son téléphone pour dire qu’avec ce blocage de l’économie, ça va trop loin ».
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/reforme-des-retraites-pour-rendre-le-mouvement-plus-visible-la-strategie-des-blocages-federeof-fr-15-03-23/